Pouvoir d'achat: pourquoi le coût de la vie augmente-t-il plus vite qu’un indice des prix à la consommation ?
10 févr. 2016Parmi les indices de prix publiés par l'Insee, celui qui est utilisé pour l'indexation des salaires, des pensions, etc. est « l'Indice des prix à la consommation des ménages urbains, dont le chef est ouvrier ou employé, hors tabac, base 100 en 1998 » (Qu'on appellera ensuite « IPC »).
Or l'Insee reconnaît officiellement que devrait, en principe, pas cautionner l'utilisation de cet indice pour indexer les salaires et les pensions.
La contestation de l'IPC, très large dans le pays, repose sur un décalage entre l'inflation mesurée, qui aurait baissé considérablement selon l'IPC, et l'inflation perçue et constatée.
En réalité, cela justifie une baisse du niveau de vie des salariés, des retraités, et de tous ceux qui dépendent d'indemnités diverses.
Il est aussi abusif de la part du gouvernement de se réclamer de l'IPC pour décider de « revaloriser » symboliquement le Smic, sans lui donner un coup de pouce; pour bloquer les pensions des retraités; etc.
La qualité des relevés de prix effectués par les enquêteurs et enquêtrices de l'Insee, qui servent à construire l'indice, n'est pas en cause : ce n'est pas en se lançant dans d'autres relevés qu'on répondra au problème posé par l'IPC.
En effet, quand on dit par exemple que « les prix » ont augmenté en octobre 2012 de 0,2 % depuis un an et de 26,31 % depuis l'année 2000, cela ne signifie pas que tous les prix ont augmenté au même rythme. Il s'agit d'une moyenne, et plus précisément d'une moyenne pondérée.
En effet, depuis 15 ans, certains prix ont augmenté beaucoup plus vite. Par exemple, le prix des combustibles liquides a crû de 150%, avec un pic à 235 % en 2012! A l'inverse, selon les calculs faits pour construire l'IPC, les micro-ordinateurs sont censés avoir baissé de 90 %. Or, si l'on ne change pas d'ordinateur tous les jours, ni même tous les ans, on consomme du carburant tous les jours !
De plus, à la suite d'une décision politique, l'IPC exclut le tabac, qui est pourtant une consommation. Cela fait baisser l'indice de près de deux points sur 14 ans, soit plus de 0,1% par an.
On observe, en outre, des lacunes dans les données complémentaires à l'indice des prix à la consommation : L’Insee considère que son indice prend en compte « l'effet qualité » qui serait d'au moins 0,3% par an d'après ses propres calculs, et qu'il y aurait lieu d'ajouter à l'IPC.
Les correctifs à apporter à l'IPC pour évaluer le coût de la vie seraient donc de 0,1 + 0,3 + 0,9 + 0,2 soit 1,5% par an, qui rehausserait l'IPC à 2% pour 2014 (au lieu des 0,2% pour l'IPC de l'année 2015) et 48,81% en 15 ans (Indice au lieu de ).
- S'il a suivi l'IPC (hors tabac), dont le niveau est de 100 en 2000 et de 126,31 au 31/12/2015, il ne serait aujourd'hui que de 2 526,3 €.
- Avec les seuls correctifs à l'IPC qu'on vient de voir, le coefficient de revalorisation serait de 148,81 : le salaire de 2.000€ en 2000, correctement revalorisé, se serait élevé à 2.976,2 € en 2016 soit 450€ de plus.
Si on accepte ces calculs, une revendication d'augmentation de 450€ en 2016 correspondrait à un simple maintien du niveau de vie par rapport à 2000. Si un patron dit à un salarié qui gagnait 2.000 € par mois en 2000 et gagne 2.700 € en fin 2015 qu'il a gagné du pouvoir d'achat parce qu'il gagne plus de 2.526 €, c'est faux : il a perdu, selon le nécessaire complément à l'IPC que nous venons de détailler, au moins 9,07% de niveau de vie (2.976 x 0,907 = 2.700).
Les fonctionnaires ont leur salaire bloqué depuis 2010. Ils prennent en plein l’évolution de l’IPC sur cette période qui est de 6,67%.
Si l’on applique cette méthode, il faut ajouter 9% de perte calculé selon le nécessaire complément à l'IPC que nous venons de détailler , soit une perte de pouvoir d’achat de 15,67%.
S'ajoute à cela que leurss cotisations retraites ont augmenté de 2,95% depuis cette époque. Avant la réforme Sarkozy-Woerth celles-ci étaient de 7,85% ; la dernière augmentation, au 1er janvier 2016, la porte à 9,94% !
Les salaires étant bloqués, leurs salaires nets baissent.
Le cas des retraités est désormais similaire, car leurs pensions sont bloquées ! En avril 2014, le premier milnistre a annoncé le blocage des retraites pour un an. Depuis avril 2013 donc, elles sont gelées, jusqu'à au moins 2017. L'ITC a augmenté de 1% depuis cette époque, auquel il faut appliquer la méthode: 1,5% par an, pour 3 ans (du 1/4/2013 au 1/4/2016 soit 4,5%. En 3 ans la perte de pouvoir d'achat des retraités est déjà de 5,5%
En effet, au delà de ces chiffres difficilement contestables, et qui permettent de formuler des revendications collectives, d'autres éléments peuvent difficilement être prises en compte dans le cadre des négociation annuelles obligatoires. Et pourtant ils sont palpables:
L'impact de tout ceci est donc difficile à synthétiser par un chiffre unique mais cela pèse sur la réalité du « coût de la vie ». Ce sont des arguments qu'on peut employer à côté et à l'appui des arguments chiffrés développés précédemment, pour expliquer que le coût de la vie augmente plus vite qu’un indice des prix à la consommation.
Source: Dossier négociations des Fédération CGT de la Métallurgie, des Finances, et de l'Insee