Alcatel Lucent France: La CGT dénonce un plan injuste, anxiogène et en totale contradiction avec une ambition stratégique pour le groupe
Le 11 juillet dernier avait lieu un CCE du groupe Alcatel Lucent France sur le livre II du PSE 2013

Les élus CGT au CCE d'Alcatel Lucent ont donné un avis très négatif sur le livre II du PSE 2013.

Depuis l’annonce de ce PSE et la réception du livre II, la CGT a dénoncé un plan injuste, anxiogène et en totale contradiction avec une ambition stratégique pour le groupe.

Un plan de suppression d’emplois n’a jamais constitué une stratégie

Après de nombreux PSE et un accord de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences qui n’ont eu comme but que de réduire les effectifs, la direction générale, avec ce plan cyniquement appelé « Performance », ne connaît qu’une seule mesure, à savoir la réduction des effectifs. Pourtant cette pratique a prouvé qu’elle était totalement inefficace et n’améliorait en rien la santé du groupe.

Acatel Lucent France passerait de 8463 salariés fin 2006 lors de la fusion à 5518 soit 1/3 des effectifs en moins.
A cela il faut ajouter une très forte diminution des sous traitants.

La France paye un lourd tribut avec ce plan. Il n’y a aucun volet de croissance alors que c’est cette croissance qui permettrait au groupe de se relever. Les contre propositions faites par les organisations syndicales ont quasiment toutes été rejetées. Le nombre de suppressions d’emploi de ce plan à peu changé, de 934 à l’origine on est passé à 844

La direction française applique aveuglément la logique de la direction générale sans prendre en compte les propositions des salariés, pourtant riches de leurs expériences.

  • => La réduction des SG&A (Services Généraux et Administratifs) est au coeur de ce plan alors que la hausse du chiffre d’affaire aurait un effet beaucoup plus significatif pour réduire ce taux de SG&A plutôt que de le réduire en valeur. Comparer le taux de frais de SG&A aux Etats-Unis et en Chine où quelques gros opérateurs se partagent le marché avec celui de la zone EMEA où il y a plusieurs centaines d’opérateurs est irrationnel (« zone EMEA » = l'Europe, le Moyen-Orient (Middle East) et l'Afrique).
  • => L’affaiblissement des forces de vente va totalement à l’encontre d’une possible augmentation de ce chiffre d’affaire. L’abandon progressif du marché européen parce qu’il rapporte moins aujourd’hui est risquée vu que l’investissement par zone géographique du monde est cyclique.
  • => De même, l’affaiblissement de la R&D (R&D = recherche et développement) rendra difficile la sortie de nouveaux projets de qualité, correspondant aux attentes des clients.et disponibles aux dates promises à ces clients.
  • => Licencier en France alors que le Crédit Impôt Recherche rend le cout réel des ingénieurs français plus faible que dans les autres pays développés est aussi irrationnel.

Tous ces départs vont accentuer la désorganisation et fragiliser des pans entiers d’activité. Des salariés vont se retrouver sans activité et d’autres en surcharge.

L’affaiblissement des forces de travail de l’entreprise va encore servir de prétexte pour délocaliser d’autres charges puisque nous ne serons plus en mesure de tenir les délais de sortie des produits fixés par les exigences commerciales.

Partout se pose cette question : avec quelles ressources réaliser les projets et tenir les objectifs ?

Cette politique est désastreuse pour l’entreprise qui continue de s’affaiblir et de perdre des pans entiers de compétences et déstabilise les équipes En fait ce PSE affaiblit à nouveau tous les sites particulièrement ceux de province, il poursuit les mouvements de délocalisation.

Un PSE qui va accroitre le mal-être au travail

Ce PSE aura aussi des conséquences sur les conditions de travail et sur la santé des salariés restants.

Le rapport de l’ISAST sur les conséquences du PSE sur les risques psycho-sociaux est réellement accablant.

En effet les leçons des PSE précédents n’ont pas été prises en compte.

Les conséquences en termes de charge de travail pour les salariés restants augmenteront les pressions personnelles, créant ainsi des risques de stress, des tensions dans le travail, des situations d’échec vécues comme des échecs personnels, alors que c’est la désorganisation du travail liée au PSE qui est en la cause.

Les réorganisations et les externalisations successives, entre autres l’informatique vers HP, ont prouvé qu’elles étaient destructrices d’un travail de qualité et génératrices d’une déstabilisation complète des salariés qui subissent une perte de repères et de soutien par rapport à l’organisation.

L’expertise ISAST indique aussi que les pertes de savoir-faire ont aussi pour conséquences de mettre en danger la santé physique et mentale des salariés.

Conclusion

Le rapport de l’expert économique Syndex résume le sens de ce 5ème plan depuis la fusion en 2006 : « injuste, irrationnel et inadapté ».

Les frais des restructurations permanentes et les frais financiers plombent les résultats du groupe. Les marchés financiers en sont les principaux bénéficiaires en exigeant des taux d’intérêt élevés qui grèvent la trésorerie dont le groupe a besoin pour son activité.

Nous refusons de payer les conséquences des erreurs stratégiques et la vision financière à court terme qui guident les décisions de la direction de l’entreprise depuis la fusion avec Lucent. Nous refusons que l’emploi soit considéré comme un cout à réduire à tout prix alors que c’est par l’emploi et la richesse créée par les salariés que nous sortirons l’entreprise de ses difficultés.

Pour toutes ces raisons, la CGT a donné un avis très négatif à ce livre II.
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