Alcatel-Lucent supprime 15 000 postes, et vendrait l'usine d'Eu

C’est un choc qui va toucher les salariés d’Alcatel-Lucent, et particulièrement son usine de Eu. L’équipementier télécoms présente ce matin au comité d’entreprise européen du groupe un plan de suppression d’emplois de grande ampleur, de 15.000 emplois dans le monde. En parallèle, le groupe, qui emploie aujourd’hui 72.000 personnes dans le monde, annonce vouloir créer 5.000 autres emplois ailleurs, ce qui réduirait à 10.000 le nombre de suppressions nettes d’emplois. C'est, évidemment un effet d'annonce qui n'est pas sûr d'être suivi d'effet. 

En France, 900 départs sont prévus, soit 10% des effectifs, et 900 autres seront touchés, soit par le biais de mutations en raison de fermetures de sites, soit par l’externalisation de certains postes comme dans les services informatiques. Ces salariés seraient repris par des prestataires

Le site parisien de Suffren devrait être relocalisé hors de Paris. La direction veut fermer Toulouse et Rennes, et vendre les usines de la Ville d'Eu et d'Ormes. Les filiales Entreprise et Câble sous-marin seraient, elles, épargnées par les suppressions d’emplois, mais elles seraient destinées à être cédées. Quant au site d'Orvault près de Nantes, dans la circonscription du 1er ministre, la presse lance un pavé dans la marre, histoire de diviser les salariés et jeter le trouble: la direction n'aurait pas encore tranché, les actionnaires n'étant sans doute pas suffisament gavés de subventions par le gouvernement ! Pourtant le CICE (Crédit d'Impôt Comptétivité Emploi) leur a permis de toucher  des millions d'euros.. pour rien !

Les grandes lignes de ce plan étaient connues : recentrage de la R&D sur des activités du futur (IP, Wireless Transmission), dégager de la trésorerie avec des activités en cours (LTE & small cells) et maintien, si cela rapporte, et/ou abandon des activités (GSM, WCDMA,…). Les choix de la direction, pilotés par les actionnaires, sont motivés par la Direction par la recherche de nouvelles réductions de coûts. D'autant qu'en décembre 2012, l'équipementier télécoms français avaient emprunté aux banques Goldman Sachs et Crédit Suisse, 1,615 milliard d'euros, garantis notamment par ses quelque 29.000 brevets. Ces banques ne sont pas des entreprises philantropiques ! Les syndicats craignaient que la direction soit obligée de les céder si elle n'arrive pas à rembourser ce prêt. On y arrive !

La seule nouveauté du plan pourrait venir de l’Accord National Interprofessionnel du 11 janvier 2013, signé par quelques organisations syndicales, dénoncé par la CGT, mais transformé en loi de « sécurisation de l’emploi », par l’Assemblée Nationale. Cette loi va changer les conditions légales des licenciements, en accélérant les procédures et en limitant les possibilités de recours, et autoriser des baisses de salaires et des augmentations de temps de travail dans les entreprises qui prétendront être en difficulté.

La CGT craint le pire, puisque le code du travail, qui protégeait quelque peu les salariés, a tout simplement été massacré au profit des avantages patronaux sous les fallacieux prétextes de compétitivité et de création d’emplois par la « flexibilité ». La Direction ne s’y est d’ailleurs pas trompée puisqu’elle a déjà organisé dés le 24 juillet une première réunion au niveau groupe pour donner sa lecture de la loi, et qu’elle a ensuite programmé 3 réunions en septembre et en octobre pour tenter d’obtenir un accord sur la façon de la mettre en œuvre.

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