Charles Pieters est décédé

 Hommage à un militant CGTU puis CGT, ancien Résistant-Déporté.

 Charles Pieters

 

Né le 24 décembre 1914, et décédé le 20 janvier 2011 à Dieppe, Charles Pieters est décédé à l’âge de 96 ans.

 

C’est une grande figure du syndicalisme, du Parti communiste, et de la Résistance, qui disparaît.

 

Orphelin à l’âge de 16 ans d’une mère ouvrière à Dieppe, et fils reconnu d’un père officier belge, qui lui avait donné son nom, Charles adhéra aux Jeunesses communistes en 1930, puis à la CGTU du bâtiment en 1932. A cette époque, il fit le coup de poing avec les Camelots-du-Roi, organisation d’extrême droite.

 

En 1936, il fit son service militaire au 2e bataillon du 39e RI, dans la 6e compagnie, la même qui s’était révoltée en 1917 pour exiger la fin de la guerre. C’est l’époque des grandes grèves et de la grande espérance du Front populaire. Son service terminé, il reprit son métier de docker, et devint secrétaire adjoint du syndicat CGT.

 

Après la grève du 30 novembre 1938, qui fut marquée par de nombreuses arrestations et condamnations de militants, il remplaça le secrétaire du syndicat, Robert Ducroquet, condamné à  huit mois de prison et 50 Frs d’amende, et devint permanent syndical.

 

Entre temps, son demi-frère Eugène Houssaye, qui s’était engagé dans les Brigades internationales, disparut dès son arrivée en Espagne, sans doute sur le Front de Madrid.

 

Mobilisé en septembre 1939, il fit face à l’offensive allemande avec son groupe du 39e RI, en première ligne, sur la Meuse, près de Forbach. Après la retraite puis la débâcle, il fut arrêté sur un pont de Rouen  par les Allemands qui l’envoyèrent rejoindre des milliers d’autres soldats au Camp de St-Pol-sur-Mer dans la Pas-de-Calais. De là il s’évada, et revint à Dieppe à vélo au mois de juillet 1940.

 

Dès le mois d’août 1940, il constitua avec quatre autres militants dieppois, un groupe de résistance qui prit le nom d’ « OS » (organisation spéciale), dans le but de distribuer l’appel de Jacques Duclos et de Maurice Thorez à la Résistance, et les tracts du Parti Communiste clandestin et interdit.

 

Il organisa un coup de main, le 30 novembre 1940, pour récupérer des armes. L’objectif était de désarmer deux officiers allemands qui sortaient du café le « Tout Va Bien ». Cela ne se passa pas comme prévu. Charles fut arrêté, et condamné à 9 mois de prison, au bénéfice du doute, par le tribunal allemand, le 13 décembre 1940. Il s’évada de la prison Bonne Nouvelle de Rouen, le 13 septembre 1941, avec  la complicité de la direction de la prison qui le libéra un matin. Il fut de nouveau arrêté, par la police française, le 23 octobre 1941, et envoyé à Compiègne, au camp de Royallieu (Frontstalag 122).

 

Le 7 mars 1942, il s’en évada, en sautant dans un camion qui sortait du camp. Il entra dans la clandestinité, ne remit pas les pieds à Dieppe, et ne revit sa famille qu’à son retour de déportation en 1945. Il prit le nom de son jeune frère Eugène Houssaye.

 

Affecté au groupe FTPF « Normandie », il participa en avril 1942, à la destruction d’un groupe de compresseurs aux ateliers de Quatre-Mares, à un sabotage des voies de chemins de fer sur la ligne Rouen-Amiens, à un autre sur la ligne Rouen-Paris, et à des engagements contre des soldats et des officiers allemands de la Wehrmacht. Fin avril 1942, il fut muté à Paris comme responsable interrégional technique. L’inter-région comprenait sept départements: le Calvados, l’Eure, l’Eure-et-Loir, l’Oise, la Manche, la Seine-Inférieure et la Somme.

 

Il fut chargé de l’envoi et du contrôle de la distribution du matériel de propagande dans ces départements.

 

Il fut arrêté à Paris, le 4 août 1942, au métro Faidherbe. Il subit des interrogatoires pendant plusieurs jours, connut plusieurs prisons, dont celle de la Santé. Il fut condamné à 15 ans de prison, dans un procès tenu à Amiens, en novembre 1942. Après le procès, il fut interné dans plusieurs prisons, jusqu’en mai 1944, puis transféré au camp de Buchenwald où il arriva le 14 mai.

 

Il participa à la résistance dans le Camp, sous les ordres de Marcel Paul et de Frédéric Henri Manhès, et participa à l’insurrection des prisonniers qui  libérèrent le camp le 11 avril 1945. Il revint à Dieppe le 1er mai 1945. Nommé vice-président de la commission d’épuration de Dieppe, il fut secrétaire du syndicat des marins pêcheurs.

 

Après une dizaine d’années passées à Paris, où il travailla dans le routage de la presse communiste, il revint à Dieppe en 1956, où il s’engagea dans l’action syndicale et politique. Entré à la Caisse d’allocation familiale, il y créa la section syndicale Cgt, et fut élu délégué du personnel. A son départ en retraite, en 1971, la CGT était majoritaire dans les organismes sociaux de Dieppe.

 

Il fut élu premier adjoint au maire de Dieppe, à la suite de la victoire de la liste d’Union de la Gauche, en mars 1971. Il fut réélu à ce poste en 1977. Il le resta jusqu’en 1983.

 

Charles Pieters était Commandeur de la Légion d’honneur.

 

A lire dans le Fil rouge N°39, revue de l'IHS-CGT-76.

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