Chômage: refusons que 2012 soit pire que 2009 !
Tous les médias le martèlent en cœur: 2012 risque d’être pire que 2009 !

Le premier ministre y est allé de son couplet ! Le seuil des trois millions de chômeurs en France pourrait être atteint avant la fin de l'année, peut-être dès en septembre.

C’est impensable ! Mais il est vrai que l’on ne produira pas de miracles avec d’anciennes recettes.

Il est vrai que le nombre de demandeurs d'emploi n'ayant pas du tout travaillé a augmenté de 23.700 pour atteindre 2.945.800 fin juin, a annoncé hier le ministère du Travail. En incluant les personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), ce sont près de 4,4 millions de personnes qui étaient à la recherche d'un travail fin juin, un record depuis la mise en place des ces statistiques en 1991. Il s'agit surtout de la quatorzième hausse consécutive du nombre d'inscrits à Pôle emploi, depuis mai 2011. Mais ce sont là la poursuite des effets de la politique du gouvernement précédent.

Et la courbe pourrait ne pas s'inverser, vu les annonces de plans sociaux en rafale depuis l'élection du nouveau président, plans qui ne sont pas encore entrés en vigueur et donc pas pris en compte dans les chiffres du chômage.

La liste est longue:
  • => PSA (8000 suppressions de postes),
  • => Air France, (5122 postes),
  • => Alcatel-Lucent (5000 postes dans le monde),
  • => Sanofi (non précisé),
  • => SFR (entre 1000 et 2000),
  • => Bouygues Telecom (555 personnes),
  • => Hewlett-Packard (520 postes),
  • => Conforama (288)
  • => etc.
La liste se rallonge de jour en jour, tant le patronat semble se mobiliser pour provoquer une aggravation rapide de la situation.

Cette litanie de plans sociaux pourrait laisser penser que 2012 sera une année noire pour l'emploi, pire encore que ne l'a été 2009. Cette année-là, la hausse du chômage a battu un record de brutalité:

  • => En 2009, l'économie française avait détruit 365.000 emplois
  • => et le nombre d'inscrits à Pôle emploi avait progressé de 407.200;
  • => le taux chômage avait bondi de 8,1% à 9,9%.
  • =>On se souvient des "Conti", mais aussi des conflits chez Molex, New Fabris, Michelin, SKF...

Or ces conflits, très emblématiques, concernaient des plans sociaux qui n'impliquaient que des centaines de suppressions de postes,... En 2012 il s'agit de milliers de suppressions d'emplois dans les grands groupes qui font pourtant toujours beaucoup de profits !

Mais le chômage ne se résume pas aux plans sociaux: ils représentent moins de 20% des destructions d'emplois, qui sont essentiellement le fait des petites entreprises (au premier trimestre 65200 emplois ont été détruits, dont plus de 90% de moins de 10 salariés), de la dégradation de l'intérim et du non renouvellement des CDD.

Le pire resterait encore à venir

D'après l'Institut national de la statistique, l'emploi dans les secteurs marchands non agricoles atteindrait un solde net négatif de -25.000. L'assurance-chômage prévoit de son côté 214.200 demandeurs d'emplois supplémentaires. Au final, le taux de chômage ne pourrait progresser "que" de 0,5 point pour atteindre 10,3% fin 2012.

Mais "même si la hausse du chômage est moins forte en nombre cette année qu'en 2009, elle est socialement plus grave car on ne part pas du même niveau", insiste Mathieu Plane, de l'OFCE. Surtout, l'explosion du chômage de longue durée (+21% sur un an de demandeurs d'emploi de plus d'un an) est un "phénomène inquiétant, symptôme d'une crise durable avec des risques de basculement dans la pauvreté de ces chômeurs", s'inquiète l'économiste.

Le recyclage de vieilles recettes sera insuffisant pour redresser la situation

La « mobilisation du gouvernement est entière », « tant pour répondre à l'urgence sociale » que pour mettre en œuvre « la feuille de route sociale » tracée lors de la grande conférence sociale, a assuré Michel Sapin. Mais il ne s’agirait, en fait, que de reprendre les vieilles recettes qui ont fait faillite depuis une trentaine d’années !

Le ministre du Travail a annoncé, en effet, que son budget financerait prioritairement des emplois aidés et les « contrats de génération ». On est donc en plein dans le retour des TUC ; des CES, ou des emplois jeunes des décennies 1980, 1990 et 2000. Les emplois d'avenir seraient prioritairement destinés aux jeunes peu qualifiés de ce que les médias appellent péjorativement « quartiers ». Le gouvernement en prévoit 100.000 en 2013, 50.000 en 2014. Il prévoit en outre 500.000 contrats de génération sur cinq ans, destinés à favoriser le maintien des seniors dans l'emploi et l'embauche des jeunes en CDI.

"Ces mesures vont amortir le choc, mais ce ne sera pas suffisant pour faire baisser le chômage", prévient Mathieu Plane, d’après le journal l’Expansion. Selon l'OFCE, les contrats d'avenir et les contrats de génération ne devraient se traduire par la création que de seulement 200.000 emplois nets sur le quinquennat. Or le marché du travail français ne peut absorber 150.000 actifs supplémentaires chaque année, d’autant que le décret sur les retraites oblige encore les trois quarts des 60 ans - 62 ans à rester au travail ou à rechercher un emploi ; c'est-à-dire à geler des emplois qui pourraient servir à faire baisser le chômage.

Pour que le chômage recule en France, il faudrait donc, toujours selon l’Expansion que la croissance atteigne au moins 1,5%. D’après elle, si rien ne change, ce ne sera pas le cas cette année, ni l'année prochaine.

Sur le front de l'emploi, le pire reste encore à venir... car, comme le dit la CGT, on ne produira pas de miracles avec d’anciennes recettes.

Si le curseur de la répartition des richesses, qui sont toutes crées par le travail, ne se déplace pas vers plus de pouvoir d’achat, plus d’emploi, plus d’investissement productif, un développement des Services publics, et une amélioration du financement de la Sécurité Sociale, les intensions du gouvernement risquent de se solder rapidement par une grande désillusion.

Sur le fond, l’austérité n’est pas la solution : elle est le problème !

La CGT appelle ses militants à mobiliser les salariés pour l’augmentation des salaires, le développement de l’emploi, la retraite pleine et entière à 60 ans, et la satisfaction des revendications, c'est-à-dire des proposition systémiques pour une issue réelle à la crise.

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