Manifestation des salariés d’Alcatel Lucent: Venus de toute la France pour sauver leurs emplois
16 oct. 2013Quelque 1500 salariés d’Alcatel-Lucent se sont rassemblés à l’appel de l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC et CGT ce mardi 15 octobre à Paris près de l’esplanade des Invalides, en présence des secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT Thierry Lepaon et Laurent Berger pour manifester contre le plan annoncé la semaine dernière par le groupe visant à supprimer 900 postes en France et 10000 dans le monde.
"Je suis venu apporter la solidarité et dire que les suppressions d’emploi ne sont pas acceptables", a déclaré Thierry Lepaon. "Il va falloir que le gouvernement entende les salariés" et "trouver des solutions pour que les salariés gardent leur emploi", a-t-il insisté tandis que Laurent Berger demande que "le gouvernement et Alcatel mettent tout en œuvre pour baisser les suppressions de postes".
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Lu sur le site CGT d'Alcatel Lucent
6ème plan chez Alcatel-Lucent : Toujours la même logique ! Les mêmes mesures ! Pour les mêmes conséquences ?
La situation du groupe Alcatel-Lucent est aujourd’hui dans un état critique. Ce sont d’abord, et avant tout, les choix industriels et sociaux pris par les directions successives d’Alcatel-Lucent, associés aux orientations économiques européennes et gouvernementales, qui ont mis l’entreprise à genoux.
Une nouvelle équipe dirigeante a été mise en place. On pouvait imaginer qu’elle tienne compte des résultats produits par les 5 précédents plans, qu’elle prenne une autre direction.
Eh bien non ! Ce sont les mêmes arguments et les mêmes mesures qui nous sont servis. « Il faut nous recentrer sur notre coeur de métier » est-il dit, comme si ce coeur n’était pas déjà très atteint et très malade depuis 1998, lorsque l’ancien PDG M TCHURUCK avait inventé le concept « d’entreprise sans usine ». Dans la poursuite de cette logique la direction justifie cette nouvelle restructuration. « Notre métier n’est pas de fabriquer et d’assembler les produits que nous concevons et donc nous continuons de sortir les sites de production du groupe », nous explique-ton. Autrement dit, je vous coupe une jambe pour que vous couriez plus vite !
De plus, cette direction choisit de réduire le groupe à trois activités « d’avenir ». C’est-à-dire d’amputer Alcatel-Lucent des activités « traditionnelles », celles qui ont fait la renommée du groupe, celles pour lesquelles les salariés ont donné leur temps, leur expertise, leur savoir-faire. On retrouve là une antienne patronale et maintenant, malheureusement, gouvernementale, à savoir « c’en est fini de la vieille industrie, vive les projets d’avenir, les projets innovants ».
Or c’est une erreur profonde. Cela fragilise l’entreprise en réduisant le portefeuille de produits. L’avenir ne peut se construire qu’à partir de l’existant. Il faut donc tout faire pour conserver les savoir-faire, les capacités humaines et productives, particulièrement dans une industrie technologiquement en évolution permanente.
Les laboratoires de R&D, les lieux de production doivent être proches pour faciliter les échanges au sein de la chaîne de valeur, sous une même chaine de commandement, pour garantir la qualité et la disponibilité des produits. Les produits d’avenir ne naitront pas sur des friches, les salariés veulent continuer à chercher, travailler, produire. Ils ont des propositions et ont besoin de visibilité à long terme.
Alors oui, Alcatel-Lucent est en danger. Mais faire partir 1800 salariés du groupe (900 suppressions de postes plus 900 postes externalisés) c’est un choix stratégique irresponsable et contraire aux nécessités du moment.
Oui, nous voulons sauver l’entreprise, c’est-à-dire sauver tous les emplois. Nous en appelons aux pouvoirs publics : créer les conditions d’un financement, d’une recapitalisation du groupe en imposant des contreparties d’emplois en France et en Europe, de participation des représentants des salariés aux organes de décisions du groupe. Au lieu de financer la casse des atouts du groupe, il faut donner la priorité à l’investissement dans la production, l’embauche, la recherche.
La CGT fait des propositions sur le financement des activités industrielles qui dégagent les entreprises de la contrainte des marchés financiers et de leur taux de rentabilité toujours plus exorbitant.
La CGT a, depuis plus de 15 ans, porté des projets de développement industriel, de nouveaux produits, de diversification, dans le groupe. Les salariés sont les mieux placés pour savoir comment relancer l’entreprise. Il faut les écouter !
Les besoins à couvrir en France et en Europe, les impératifs de sécurité et d’indépendance nationale de nos réseaux télécom justifient qu’Alcatel –Lucent se positionne en tant que grand équipementier qui investit et développe l’emploi dans notre pays comme en Europe. Alcatel s’est construit à partir des financements et investissements publics dans les télécommunications en France, en industrialisant les résultats de la recherche publique. Les pouvoirs publics ont toutes les raisons d’intervenir sur ce dossier et d’agir rapidement et concrètement.
La CGT, avec les salariés mobilisés contre le plan annoncé, est disponible pour travailler les mesures à court et à long terme, pour sauver notre industrie des télécom en France. La mobilisation unitaire du 15 octobre dans le groupe va peser dans ce sens.