inacceptable que, pour des raisons de revenus, grand patron et son ouvrier n’aient pas accès au même médecin !
17 avr. 2012
Source: l'AFIM (Agence fédérale d’information mutualiste) N° 4126, vendredi 13 avril 2012
Dans un entretien qu’il accorde au Monde (page 12), Etienne Caniard, le président de la Mutualité Française, juge « inacceptable, d’un point de vue éthique, comme de santé publique, que pour des raisons de revenus, un grand patron et son ouvrier n’aient pas accès au même médecin ».
Selon les données de l’assurance maladie, que rappelle L’Humanité (page 15), « sur les 5,7 milliards qui sont restés à la charge des patients ou de leurs mutuelles en 2011, 2,3 milliards étaient imputables aux seuls dépassements ». A Paris, par exemple, 6,7 % des médecins en honoraires libres facturent leurs consultations entre trois et quatre fois le tarif de base de la Sécurité sociale.
Avec la pratique des dépassements d’honoraires, analyse président de la Mutualité Française, on assiste à « une dégradation silencieuse et insidieuse du système : les taux de remboursement de l’assurance maladie sont devenus une fiction. Officiellement, il n’y a pas de baisse, mais vu la hausse des prix des professionnels, il y a une réduction du taux réel de prise en charge ».
« Le problème de l’accès aux soins conduit à des renoncements, lesquels entraînent un mauvais fonctionnement du système de santé. Il faut mettre fin à ces dysfonctionnements, sinon c’est l’ensemble du système de protection sociale qui risque d’en subir les conséquences », a-t-il ajouté hier au cours du journal de 18 heures de France Inter.
Les dépassements d’honoraires, rappelle- t-il, « servent, notamment à l’hôpital, de coupe-file ».
Pour autant, les difficultés d’accès ne concernent pas seulement les plus démunis. En effet, il faut prendre aussi en compte « la raréfaction de professionnels dans certaines spécialités ou régions », souligne le président de la Mutualité Française, et également certaines « inégalités culturelles pour choisir le bon professeur ou le bon circuit. »
De leur côté, les médecins justifient la pratique des dépassements par la faiblesse des tarifs des consultations. Pour président de la Mutualité Française, il s’agit d’un « prétexte » qui permet « à quelques spécialités d’avoir des revenus très importants pendant que d’autres, comme les généralistes, à 90% en secteur 1, sont dans une situation inconfortable ».
Sur France Inter, il a présenté quelques-unes des propositions avancées par la Mutualité Française pour améliorer l’accès aux soins. « Il faut favoriser le parcours de soins en généralisant la pratique du tiers payant chez le médecin traitant », a-t-il indiqué. Autre mesure : instaurer un droit à la complémentaire tout au long de la vie. Pour cela, Etienne Caniard demande au préalable « la remise à plat de toutes les taxes qui frappent les complémentaires ».
De son côté, Jean-Paul Panzani, président de la FMF, plaide dans L’Humanité (pages 14 et 15) pour « une réforme ambitieuse et équitable du mode de financement actuel, à la fois pour dégager les ressources nécessaires et pour nous débarrasser de la dette sociale dont le poids financier est chaque année plus lourd ».