SNCF: l’"Équipement agent seul" (EAS) ou le TER low cost, le "mal travail" en croissance !
30 oct. 2014La politique commerciale de la SNCF en épouse les contours les plus classiques du Low Cost avec OUIGO, IDTGV et IDBus, et maintenant les plus inattendus avec IDVroom… Pour la CGT, l’EAS (Équipement Agent Seul) est un exemple supplémentaire de cette mise en œuvre. Son extension est le produit d’une réforme ferroviaire dont la direction de l’entreprise, et le gouvernement, comptent faire porter le financement conjointement aux cheminots, aux usagers, et aux contribuables.
Le Low cost est un modèle de production qui pénètre aujourd'hui de plus en plus de champs d’activités. Il conduit les utilisateurs et les salairtés à accepter une baisse importante du niveau de qualité, voire de sécurité, la soumettant à la seule lecture du prix affiché. le concept de low cost surfe sur des concepts idéologiques en vogue, comme l'individualisme et l'égoisme, s’appuyant sur une communication démagogique portant sur des propositions de solutions prétenduement "personnalisées".
Mais le Low cost est surtout une technique d'optimisation financière, derrière lequel on trouve toujours l'argent argent public. On le comprend bien dans l'aérien, où les lignes et les aéroports — comme celui de Beauvais — n'existent qu'à coup de subventions massive des Régions sans lesquelles ils ne pourraient exister. Ce que l'usager ne paye pas dans son billet il le paie par ses impôts. Plus qu’à l’usager, le low cost profite avant tout à l’actionnaire, en poussant les feux d’une financiarisation de l’économie, et ne répondant pas à la demande des usagers.
La SNCF n’échappe pas à ces stratégies d'étranglement. L’Equipement en Agent Seul (EAS) fait partie de cette panoplie conceptuelle, ignorant les demandes des usagers, bousculant les lignes métiers, le professionnalisme, et l’éthique des salariés. Il est surtout le produit de la mise en concurrence entre les opérateurs ferroviaires, dont la seule variable d'ajustement est la masse salariale, donc l'emploi et les salaires.
Il permet aussi au ministre Macron de proposer l'impensable: le développement du transport routier par bus pour les pauvres, c'est à dire le transfert vers la route de plusieurs centaines de kilomètres de relations ferroviaires, au mépris des objectifs environnementaux de réduction de gaz à effet de serre, multipliant les fermetures de lignes et de gares. On imagine la galère que vivraient le millier d'usagers quotidien de la ligne Dieppe-Rouen, si on les obligeait à emprunter le bus.
De plus, si l’argumentation principale de la direction de la SNCF s’appuie sur les transferts de compétences et la maîtrise des contributions publiques, elle omet le coût annuel d’une dette ferroviaire (1,7 milliard d’€ d’intérêts annuels) qui pèse sur son budget, et que la puissance publique a créé et refuse de traiter sur le fond.
Pour l'usager, l’EAS se double d’une annonce de la limitation de la durée de validité des billets et du renforcement de la lutte contre la fraude, qui va l'emprisonner dans de nouvelles contraintes et pressions, tout en distandant le contact humain. Gare à elle, la vieille grand-mère qui ne saura pas valider son titre de transport, et qui sera transformée en délinquante, pour n'avoir pas trouvé de soutien humain.
Pour la CGT, le low cost enferme donc la production de service ferroviaire dans une fuite en avant de baisse de qualité globale, comme de baisse de la sécurité. Il fait reculer des droits sociaux, et généralise le "mal travail". Il fait un usage abusif de la sous-traitance aux fins de segmenter le corps social professionnel.
Enfin, il suffit de regarder l'évolution de l'offre de transport ferroviaire Paris-Dieppe, marquée par la disparition des trains directs, mais aussi par la disparition du confort "grande ligne" — Difficulté à caser ses bagages, pas de restauration, souvent des vieux wagons de "grande banlieue", horaires peu respectés, retards dus aux pannes fréquentes, etc., etc.) pour comprendre qu'avec le Low Cost, cela ne va pas aller dans le bon sens.
A la veille de la conférence environnement et de son volet « Transport », la CGT invite l’ensemble des salariés des transports et notamment les cheminots à se mobiliser le 04 novembre 2014, dans le cadre de l’action nationale à l’appel de l’Union Interfédérale des Transports CGT.
La CGT appelle à s’opposer à la mise en place des politiques low cost dans les entreprises, dont la SNCF, et pour réclamer une politique nationale des transports qui œuvre à la complémentarité des modes et au développement des services publics.