Thierry Lepaon aux manifestants du 15 octobre (vidéo): C’est notre travail qui crée les richesses !
15 oct. 2013 Au terme de la manifestation parisienne de ce 15 octobre dans le cadre de la journée nationale interprofessionnelle unitaire sur les salaires, l’emploi, les retraites et les conditions de travail, le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon s’est adressé aux manifestants.
C’est d’abord la nouvelle loi de réforme des retraites. C’est la loi de finance, le budget de l’Etat.
Les trois sont évidemment liés.
C’est encore au prétexte de déficits des caisses et d’une politique d’austérité, que l’on veut nous imposer cette nouvelle réforme des retraites sous le regard attentif de la Commission européenne.
Nous refusons tout simplement cette approche.
Nous refusons cette spirale infernale qui nous tire vers le bas. Les politiques suivies ne sont pas la solution ; elles sont le problème.
Nous !, nous sommes porteurs de solutions. Nous voulons être entendus.
C’est le sens de notre journée d’actions.
C’est d’abord notre travail et notre travail seul qui crée la richesse.
C’est notre travail qui finance donc notre système de retraites par répartition.
Il a fait ses preuves.
Nous n’acceptons pas d’être dépossédés de ce qui nous appartient.
Volontairement grâce aux cotisations sociales, nous avons mutualisé, nous avons socialisé une partie de notre salaire pour notre protection sociale.
C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui.
C’est de cela dont vous discutez Mesdames et Messieurs les parlementaires.
Qui peut sérieusement contester que l’augmentation des salaires et le plein emploi, non seulement permettraient d’assurer la pérennité de notre système mais largement de l’améliorer.
C’est d’abord sur le niveau des salaires qu’il faut agir.
La CGT revendique un salaire minimum d’embauche de 1700 euros pour un salarié sans qualification en début de carrière.
C’est socialement juste et bon pour le développement économique.
Le Smic est de la responsabilité du gouvernement.
Alors qu’il assume sa responsabilité !
Et nous assumerons les nôtres pour reconstruire partout des grilles salariales dans nos entreprises et nos professions qui tiennent compte des qualifications.
Plus d’emplois, ce sont évidemment davantage de cotisations qui rentrent dans les caisses.
Arrêtons d’abord la casse de l’emploi chez Alcatel Lucent, à Air France, dans toutes les entreprises de l’automobile comme à PSA, dans la chimie, dans la banque, à la FNAC et dans tant d’autres entreprises.
Les lois actuelles, la réglementation existante permettent aux groupes de jouer avec l’emploi, de licencier à peu de frais.
Agissez à ce niveau, modifiez les lois que vous avez faites pour contraindre enfin les groupes à avoir une autre politique de l’emploi.
Nous, dans nos services, dans nos ateliers, nous devons agir, porter nos revendications pour exiger les créations d’emplois nécessaires pour bien faire notre travail, donc créer de la richesse.
Ainsi nos salaires et le plein emploi sont le terreau fertile qui permet une protection sociale de haut niveau, assise sur le travail.
La CGT a cette approche globale.
Que l’on ne compte pas sur la CGT pour lâcher un seul morceau de ces trois piliers.
C’est notre travail qui finance la Sécurité sociale.
Il produit en abondance la richesse mais cette richesse nous échappe et profite à une infime minorité.
16,2 milliards d’euros : c’est le déficit de la sécurité sociale en 2013.
La loi sur le Crédit impôt compétitivité emploi, à elle seule, votée cette année par les mêmes qui s’apprêtent à augmenter notre durée de cotisation, à tondre les retraités et plumer la jeunesse, distribue sans condition et sans contrôle 20 milliards d’euros aux entreprises.
Les seuls groupes du CAC 40 prévoient de distribuer 40 milliards aux actionnaires.
Vous voulez allonger la durée de cotisations pour nos retraites et en diminuer, de fait, le niveau des pensions
En plus de cette injustice, c’est encore nous qui allons payer, au bout du compte, l’exonération de la hausse de la part patronale des cotisations.
Pourtant il est parfaitement possible de faire autrement pour financer notre système de retraites et ouvrir de nouveaux droits pour les salariés et les retraités.
Il s’agit notamment :
- - De moduler le calcul de la cotisation employeur en fonction de la politique salariale et d’emploi,
- - De créer une contribution sociale sur les revenus financiers des entreprises, au même taux que les cotisations assises sur le travail.
- D’assoir l’assiette des cotisations sociales sur l’ensemble des rémunérations,Cette réforme du financement de notre système de retraites permettrait alors
- · de rétablir l’âge légal de départ à 60 ans,
- · de reconnaître la pénibilité par des départs anticipés,
- · d’assurer une retraite équivalente à au moins à 75 % du salaire d’activité pour une carrière complète avec un minimum à 1700euros,
- · d’assurer l’égalité entre les femmes et les hommes,
- · de valider les années d’études et de précarité subies,
- · de calculer la pension sur la base les 10 meilleures années au lieu des 25 pour le régime général,
- · d’indexer les pensions et retraites sur l’évolution du salaire moyen.
Les richesses que nous créons par notre travail et nos qualifications ne doivent pas aller à la finance et dans les paradis fiscaux, mais aux salaires, à l’emploi, à l’investissement et la recherche… et au financement de notre protection sociale.
Par nature, notre système de protection sociale nous unit et nous solidarise.
C’est à cela que nous devons travailler pour défendre nos intérêts communs de salariés.
Alors partout, à tous les niveaux, sur nos lieux de travail comme dans toutes les instances, dans les institutions et aujourd’hui dans la rue, la CGT, toutes ses organisations, ses responsables et ses adhérents doivent agir pour créer les conditions de l’unité de lutte.
La Sécurité sociale nous appartient.
C’est notre affaire ; alors occupons-nous de nos affaires.
Personne ne peut parler à notre place.
Alors parlons-nous mêmes, faisons-nous entendre !
Que vivent partout l’action et l’intervention des salariés pour la défense de leurs intérêts !
Source : http://www.cgt.fr/