Un film à voir: "Grand Central" de Rebecca Zlotowski avec Léa Seydoux
Ils sont rares les films qui traitent du monde du travail.

"Grand Central" est une histoire d'amour, une comédie romantique, dans le monde des salariés des entreprises sous-traitantes du nucléaire.

Ce film n’a pas été filmé dans une centrale nucléaire française, les patrons d’EDF, comme tous patrons, ne l’auraient pas permis, question sécurité (mais pas seulement !).  

Ce film a donc été filmé en Autriche, dans une centrale nucléaire qui n’a jamais été mise en service.

Pourquoi le patronat n'aime-t-il pas que l'on filme sur les lieux de travail ?

Derrière la question de sécurité, ou de la défense des procédés de fabrication, il y a surtout le refus idéologique de voir mis en scène le monde des salariés, qui risquerait de provoquer des prises de consciences et des remises en cause. Le grand capital préfère les films traitant des problèmes psychologiques des écrivains, grands reporters ou médecins, des riches, ou alors des films de guerre ou d'extraterrestres; mais surtout pas le monde des salariés, qui représentent pourtant 95% de la population active. Mais qu'est-ce qui ressemble le plus à une centrale nucléaire, si ce n'est une centrale nucléaire, même si elle n'a jamais été mise en service ?

L'histoire ?

Gary est jeune, agile, il apprend vite. Il fait partie de ceux à qui on n’a jamais rien promis. De petits boulots en petits boulots, il est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il trouve enfin ce qu'il cherchait: de l’argent, une équipe, une famille. Mais l'équipe, c’est aussi Karole, la femme de Toni dont il tombe amoureux. L'amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary. Chaque jour devient une menace.

 

Un film à voir: "Grand Central" de Rebecca Zlotowski avec Léa Seydoux
Lu sur le site de Télérama.fr :

(…) « On y croit dès la première scène, quand Gary (excellent Tahar Rahim) rejoint une équipe d'intérimaires à l'oeuvre dans une centrale nucléaire. Boulot de chien, qui ne s'exerce que par intermittence tant la contamination menace : plus on cher­che à en faire, évidemment pour gagner un peu plus, plus le corps ­absorbe de redoutables doses de radio-activité. Intégré au groupe des ouvriers qui ­logent sur le site, Gary découvre une petite communauté attachante et singulière. Dont Karole, la femme de ­Toni : Léa Seydoux incarne avec douceur et aplomb cette femme fatale malgré elle. Cheveux courts, minishort et débardeur cachent à peine un corps sculptural et sensuel.

Désormais, le danger est partout. A l'intérieur de la centrale, où la moindre inattention suffirait à mettre en danger sa santé ou celle de ses camarades ; le long des mobile homes qui la bordent, où le désir peut tout à coup dresser les nouveaux amis les uns contre les autres. Mettre en relation l'irradiation nucléaire et amoureuse, c'est le sous-texte du film : au-delà d'une certaine dose, il n'y a pas d'issue... Mais Rebecca Zlotowski a l'adresse de ne pas rendre ce parallèle essentiel : une sorte de bonus caché, qui enrichit le récit sans l'encombrer.

Elle excelle surtout à rendre vivantes et vraisemblables les scènes de groupe : sorties collectives, repas en commun, hommes au travail (quand on les interroge, la cinéaste et sa scénariste disent ce que le film doit au livre d'Elisabeth Filhol La Centrale, prix Télérama-France Culture 2010). Les formidables « seconds rôles » (Olivier Gourmet, Denis Ménochet, Johan Libéreau, etc.) y trouvent de quoi jouer, et ces moments évoquent le cinéma français d'antan — le Renoir d'avant-guerre, par exemple. Mais jamais l'évidente ­cinéphilie de Rebecca Zlotowski n'altère les qualités dramatiques de Grand Central, poignante tragédie populaire. » (…)

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