Lorsque la Poste rend payant un aspect du service (public) autrefois gratuit !
03 sept. 2015Aux télécoms (Orange), ancien service du ministère des PTT aujourd’hui privatisé, on connait la transformation de services autrefois gratuit en services payants (exemple : le dépannage téléphonique à l’intérieur d’un logement).
C’est aujourd’hui au tour de la Poste de se lancer dans ce genre d’opération. Pour prétendument s'adapter, La Poste propose donc de « nouveaux services » (payants), qui, autrefois, faisaient partie du Service Public (gratuit).
Ainsi, comme le révèle Normandie Actu 76, à Thiétreville, près de Valmont, le conseil municipal a décidé de tester ce service de visite hebdomadaire mis en place par La Poste : pour sept de ses habitants un peu esseulés, la commune a financé un service de visite du facteur, une fois par semaine.
Payantes et contractualisées, ces « nouvelles missions » s’adressent aux collectivités locales, aux entreprises ou aux particuliers. L’idée est de proposer une « vigie » pour les personnes ou pour les biens, des relevés de compteurs, de portage de médicaments ou de produits culturels à domicile, d’installation et de prise en main de certains équipements, de collecte et de recyclage ou de la vérification de dossiers à déposer aux administrations, de démarchage pour de la vente privée, de la relance de dons …
La direction de la Poste avance l’argument de la diversification « nécessaire » de son activité pour « s’adapter à l’évolution de la société » : si la distribution du courrier six jours sur sept reste l’engagement principal de La Poste, la direction a constaté la baisse du volume du courrier de l’ordre de 6 à 7 % chaque année : pour elle « il faut donc diversifier les services pour maintenir les emplois ».
Reste que pour la direction de La Poste, il ne s’agit pas de créer des emplois, en créant un service spécial doté d'emplois nouveaux, ou en réduisant la durée des tournées des facteurs. Non, la direction a décidé que ce serait une tâche supplémentaire introduite dans la tournée du facteur. Car pour la Poste, « Les facteurs sont des relais de confiance qui peuvent surveiller, alerter de façon à ensuite prévenir les personnes compétentes ». Effectivement, ils connaissent le terrain et les gens, et sont déjà les « acteurs du lien social », qui maintiennent la convivialité dans les campagnes.
En contractualisant le service, et en définissant la durée de présence du facteur au domicile de la personne bénéficiaire, la direction de la Poste:
- > déstructure la tournée du facteur,
- > et recule les horaires de passage pour les autres usagers.
Au syndicat CGT Fapt (Fédération des activités postales et télécommunication), on pose la question de la reconnaissance de ces prestations dans le calcul de la tournée des facteurs, qui s’allonge de fait, alors que la direction perçoit une rémunération pour le service, sans rien prévoir pour les agents.
Car, la direction a déjà pris en compte la baisse du trafic: « Les tournées ont déjà été rallongées en kilomètres et en nombre d’usagers ; Même si La Poste explique ces nouveaux services par la baisse du courrier, il faut bien se rendre compte que pour le facteur, le temps est le même pour une ou deux lettres dans une boîte. Avant toutes nouvelles démarches envers ces nouveaux « services », il faudrait d’abord que les facteurs aient le temps d’effectuer leur travail correctement, qu’il y ait assez de monde pour faire la distribution de l’ensemble du courrier.
Car contrairement à ce que sous entend la direction de La Poste, avec la diminution implacable du courrier, il n’y a jamais eu autant de tournées non assurées, ni autant de restes dans l’ensemble des sites de Seine-Maritime.
Il faut que la direction de la Poste donne les moyens humains suffisants pour, déjà, assurer un réel service public de distribution, c'est à dire sa mlission première, avant de « marchandiser les facteurs », explique Bruno Venuat, le nouveau secrétaire général du syndicat CGT Fapt de Seine-Maritime.
En effet, pour les facteurs, la baisse du volume du courrier s’est traduite par:
- > Une modification des parcours,
- > Un allongement des tournées,
- > La dégradation des conditions de travail,
- > La réduction du nombre de jours de repos cycliques
- > La réduction des emplois de remplaçants.
Car la direction de La Poste a massivement réduit le nombre des facteurs, en même temps qu’elle supprimait massivement les emplois tout en recevant des millions d’euros de l’État (Venant des impôts) par le biais du CICE (près de 600 millions en deux ans).
Il n'y a pas de mystère: il y a toujours eu des changements dans le travail; c'est le propre du métier. Et la direction, quelque soit le statut de l'entreprise, a toujours voulu faire plus avec moins.
Dans les générations précédentes, ce qui a permis les avancées sociales à la Poste, c'est un fort taux de syndicalisation CGT. L'avenir des jeunes générations passent par un renforcement de la CGT