Routes: la baisse de l'entretien commence à se voir
07 janv. 2016Le Moniteur, est un hebdomadaire de référence dans le BTP et l'Environnement en France, lu dans les milieux patronaux et par les élus et les cadres territoriaux (mairies, départements, régions).
Il y a quelques semaines il tirait la sonnette d'alarme en matière d'entretien des routes, 10 ans après la liquidation des DDE, et du transfert de leurs compétences aux départements.
L'effet n'a pas été immédiat, mais la dégradation a commencé à être visible à partie de 2010, c'est à dire 5 ans après la casse des DDE.
Voici le début de l'article, que nous vous livrons pour votre réflexion:
"Où s’arrêtera la chute ? En 2011, les routes françaises figuraient en pôle position (sur 140 pays) du classement mondial établi par le World Economic Forum en termes de qualité d’usage. Quatre ans plus tard, elles se retrouvent à la 7e place, en ayant perdu trois rangs en seulement un an.
"Chaque année depuis 1979, le Forum économique mondial réalise une enquête qui compare la compétitivité globale de 140 pays dans le monde (The Global Competitiveness Report), offrant un aperçu de leur productivité et de leur prospérité.
"Partie clé de ce rapport, l’« Executive Opinion Survey » évalue à travers un questionnaire l’opinion de 14 000 chefs d’entreprises de 134 pays (101 chefs d’entreprise pour la France) sur un large éventail de sujets pour lesquels les sources de données sont rares voire inexistantes à l’échelle mondiale.
"Parmi eux figure la qualité des infrastructures, et celle des routes en particulier. La question posée est : « Dans votre pays, comment évaluez-vous la qualité des routes? ». Les répondants doivent répondre par une note située sur une échelle de 1 à 7, la note 1 correspondant à « extrêmement sous-développée-parmi les pires dans le monde » et la note 7 à « étendue et efficace-parmi les meilleures dans le monde ».
"Alors que la France s’imposait encore en pole-position en termes de qualité des routes en 2011, elle se retrouve quatre ans plus tard à la 7ème place en ayant perdu trois rangs en seulement un an (voir tableau).
Ce déclassement progressif ne fait que confirmer les messages d’alertes qu’un certain nombre d’acteurs économiques –au premier rang desquels figurent les entreprises de travaux publics et les entreprises routières – dénoncent depuis plusieurs années déjà.
Car alors que le réseau routier se dégrade, les investissements des maîtres d’ouvrage publics dans les actions d’entretien ont jusqu’ici dangereusement diminué, ce qui accélère encore la détérioration du réseau.
En cinq ans, l’activité de l’industrie routière n’a-t-elle pas chuté de 30% ?!
(...)"
Ce n'est sans doute pas demain que le viaduc sur la Scie sera ouvert, ni que la quatre-voies Rouen-Dieppe sera terminée, ni que la route Dieppe Paris par Forges-les-eaux et Gournay sera modernisée.
L'« acte II de la décentralisation » prévu par la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et aux responsabilités locales a prévu que les conseils généraux reprennent la totalité de la gestion des réseaux routiers départementaux dont ils ont la responsabilité. Au 1er janvier 2007, la partie routière et ouvrages d'art (construction, entretien et exploitation) des DDE a donc été transférée sooit aux départements, soit à de nouveaux services spécialisés du ministère :
- > Les routes départementales (RD) et routes nationales d'intérêt local (RNIL) (environ 375 000 km) sont passées sous la responsabilité des directions des routes des conseils généraux, entraînant le transfert de 30 000 agents des DDE
- > Les routes nationales (RN) et autoroutes (A) non concédées ont été transférées à onze directions interdépartementales des routes (DIR) qui sont créées pour construire, entretenir et exploiter ce réseau d'environ 20 000 km à la place des DDE.
La loi n° 2009-1291 du 26 octobre 2009 a parachevé cette réforme en abrogeant donc la loi de 1992 et a transféré les « parcs de l'équipement » et de leurs personnels aux conseils généraux, pour les parties qui n'ont pas été dévolues aux DIR.
Donc, la DDE n'existe plus ! Ceux sont les élus départementaux qui pilotent !