1er mai 2018 à Dieppe
02 mai 2018Chers amis, chers Camarades,
Je salue la présence de Sébastien Jumel Député, de Nicolas Langlois Maire de Dieppe, de Guy Sénécal, Maire de Arques et un des acteurs de mai 68 à Dieppe dont nous reparlerons, de nombreux élus, des forces syndicales qui luttent à nos côtés et des forces politiques progressistes.
Je salue aussi votre présence à vous tous, anonyme, syndiqués, élus du personnel ou citoyens engagés qui construisez chaque jour les ripostes nécessaires au vivre mieux.
Car…
"Les pauvres c'est fait pour être très pauvres et les riches, très riches !!!"
Cette phrase, immortalisée par Louis de Funès dans « La folie des grandeurs », très librement inspiré du « Rui Blas » de Victor Hugo, sonne comme une maxime pour l’actuel président Macron.
C’est même devenu sa marque de fabrique.
Le gouvernement mène depuis le 14 mai 2017, sois presque un an, une bataille sans merci à l’ensemble de la classe ouvrière.
La volonté d’en finir avec le programme du conseil national de la résistance et tous ses conquis sociaux, arrachés de hautes luttes depuis de très nombreuses années, est clairement affichée, assumée, revendiquée mais surtout accélérée depuis le quinquennat de Sarkozy.
Justement, comment ne pas parler, en ce 1er mai, et en évoquant les conquêtes sociales arrachées par la lutte, celles d’il y a cinquante ans, en 1968, après deux mois de grève, de rassemblements, de défilés et d’occupation d’usine dont l’augmentation de 35 % du SMIG et de 10 % en moyenne des salaires, la création de la section syndicale d’entreprise et une quatrième semaine de congés payés entre autres.
1968-2018, cinquante ans après que reste-t-il ? Pour moi au moins une chose, l’espoir d’une vie meilleure qui anime les personnes présentes aujourd’hui mais aussi une preuve, La lutte finit toujours par payer.
Et ce n’est pas celles que nous avons menées ces dernières semaines sur le territoire avec les métallos de Fremach ou Véranda confort ou les personnels de la collecte de Dieppe Maritime.
Où encore plus récemment, il y a quelques jours, la BELLE VICTOIRE pour les téléconseillers de la CARSAT qui après 4 semaines de lutte, obtiennent des embauches en CDI, des points de compétences, des parcours niveau 4 qui me contrediront.
Ces luttes victorieuses ne doivent pas restées sans lendemain.
Elles ne sont qu’une étape dans la reconstruction du mouvement ouvrier dans lequel doit s’établir le rapport de force nécessaire en réponse aux coups portés par le gouvernement.
Ce rapport de force, celui établit dans ce que l’on appelle « Mai 68 », mais aussi par ceux de 36, nous devons retenir, sans copier, mais en nous inspirant, que seuls les salariés ont leur destin entre leurs mains pour le construire.
Nous devons mettre tous nos moyens dans cette force de conviction que doit être l’éveil des consciences pour convaincre les salariés, les retraités, les privés d’emploi et les jeunes que « sans eux rien ne se fera ».
La délégation de pouvoir à ceux qui luttent, sans l’implication de tous, ne sera rien.
C’est dans cette idée que nous devons continuer de batailler, de convaincre, de porter nos idées, de distribuer nos propositions et revendications, de lire la presse syndicale et progressiste car nous avons en face de nous un rouleau compresseur oligarchique qui s’est offert la quasi-totalité de la presse, télé, radio et écrite, pour diffuser en boucle sa doctrine libérale dictée par le capital et ses vassaux, la commission Européenne, le FMI, la BCE ou encore l’OCDE.
Notre force doit passer par l’union du salariat sur des revendications claires et non négociables.
Car si je suis aujourd’hui au rassemblement du 1er mai c’est parce que :
« Je suis retraité, j’ai 71 ans, j’ai toujours milité pour la défense des salariés. Le 1er mai a toujours été un moment important pour la classe ouvrière, depuis les premières manifestations du 1er Mai en 1890, ce fut toujours l’occasion de revendiquer.
Évidemment cette année, les raisons ne manquent pas, mais c’est surtout pour démontrer au gouvernement notre colère contre la hausse de la CSG.
Je suis un ancien employé municipal avec 1010 € de retraite et ma femme, ancienne infirmière en hôpital avec 970 € de pension, nous sommes tous deux en dessous du seuil de pauvreté, nous perdons ensemble 34 € par mois et 404 € par an.
Nous disons STOP, depuis plus de 20 ans, on nous a réduit notre pouvoir d’achat de 20%. Les prix ont augmenté sur tout : Les énergies, les mutuelles, les assurances, la TVA, sans oublier la santé au travers du déremboursement des médicaments, de l’augmentation du coût des soins et consultations. Et comme si ça ne suffisait pas, la pension de 2018 sera à nouveau gelée et les complémentaires bloquées pour très longtemps.
Nous devons nous rassembler avec les salariés et les privés d’emploi pour dire stop et obtenir une véritable augmentation des pensions. »
NOUS SOMMES RETRAITÉS ET NOUS SOMMES LE 1er MAI AU RASSEMBLEMENT
Je suis salarié d’une entreprise locale, une institution même dans le domaine du surgelé. Je suis une petite main dans un siège social qui va bientôt disparaitre. C’est vrai que j’ai peur de perdre mon emploi ou que l’on me propose de partir travailler ailleurs loin d’ici. Je ne pourrai pas accepter une mutation, ma vie est ici avec ma famille.
Je ne participe pas aux manifestations, je ne fais pas grève, pourtant je suis d’accord avec ce que disent les syndicats qui nous défendent mais j’avais peur. Je me disais que si je ne bougeais pas, on ne me remarquerait pas, je serai préservé en cas de licenciement.
Je revendiquais par délégation comme on pourrait dire.
Mais voilà, cette fois le danger est là. Si je ne prends pas mon destin en main personne ne le fera. Il y a de grandes chances pour que mon emploi disparaisse dans les semaines qui viennent et peu importe que je sois rouge, bleu, jaune ou vert, je disparaitrai avec lui du monde du travail…
Alors pour conserver mon emploi, pour vivre dignement de mon travail, je revendiquerai le 1er mai.
JE SUIS SALARIÉ DANS UNE ENTREPRISE QUI VA DISPARAITRE ET MENACÉ DE LICENCIEMENT ET JE SUIS LE 1ER MAI AU RASSEMBLEMENT
Je suis aide-soignante dans un EHPAD, je ne suis pas syndiquée mais j’ai fait deux fois grève depuis le début de l’année, le 30 janvier et le 15 mars.
Les mobilisations ont été importantes dans mon établissement puisque la totalité des personnels étaient en grève et nous étions même soutenus par la direction.
Nous avons témoigné de notre souffrance au quotidien dans notre travail, de la prise en charge difficile des résidents, les toilettes à la chaine, les collègues qui ne sont pas remplacés et nous n’avons plus le temps d'être à l'écoute. Il y a une souffrance psychique et physique du personnel. Nous avons un sentiment de maltraitance, du non-respect de la personne âgée, nous avons un sentiment de travail mal fait.
Et quelle réponse nous a été donnée par le gouvernement ? Le mépris.
Une enveloppe de 50 millions, débloquée par la ministre correspond à peine à un emploi en tiers temps par EHPAD, quand dans un autre budget on nous supprimait 100 millions d’euros…
Je suis révoltée, nous sommes considérés comme des moins que rien, le 1er mai je suis dans la rue.
JE SUIS SALARIÉE D’UN EHPAD ET JE SUIS LE 1ER MAI AU RASSEMBLEMENT
Je suis privé d’emploi ou chômeur comme ils disent à la télé.
Je suis montré du doigt régulièrement, fraudeur, profiteur, fainéant. Juste pour rappel, la fraude ne représente que 0,4 % des inscrits… alors que, selon un rapport de la Cour des Comptes, la fraude des entreprises aux cotisations sociales (Travail dissimulé, travailleurs détachés, heures non déclarées…) explose (elle a même doublé depuis 2007 !) pour se chiffrer aujourd’hui à plus de 20 milliards d’euros par an.
Tous les mois on apprend que le chômage recule. Je ne sais pas vraiment où, si ce n’est dans les formations non qualifiantes, les radiations ou les emplois d’extrême précarité qu’on est obligé d’accepter pour maintenir des droits et continuer de survivre.
Ce 1er mai je suis au rassemblement parce que je veux revendiquer le droit de travailler, de préparer un avenir avec un emploi conventionnel, et un salaire digne chaque mois.
JE SUIS PRIVÉ D’EMPLOI ET JE SUIS LE 1ER MAI AU RASSEMBLEMENT
Je suis fonctionnaire, je milite farouchement pour la défense des services publics…
MAIS AU FAIT, C'EST QUOI LE SERVICE PUBLIC ?
C'est une activité exercée directement par l'État, ou par une collectivité territoriale, dans le but de satisfaire un besoin d'intérêt général sans recherche de bénéfices. Ses valeurs sont : continuité, égalité, neutralité et laïcité.
Le service public c’est la réponse aux besoins de tous, dans l’intérêt général. Ils doivent être ancrés dans les territoires, au plus près des usagers.
Mais les dérives des réformes de ces dernières années ont liquidé les services publics dans leurs composantes, eau, énergie, transport, organisme sociaux, poste, télécommunication, tout est « marchandisé » tout est soumis à la concurrence… et demain moi aussi ? Le statut de fonctionnaire, sera remplacé́ partiellement par des contractuels, faisant apparaitre de nouvelles catégories de précaires au sein de la fonction publique (Aujourd’hui les précaires contractuels représentent déjà près de 17% des effectifs).
Je ne parle pas des conditions de rémunération et de travail toujours difficiles : Le fonctionnaire serait un privilégié bien payé !!! En fait, depuis des années le point d’indice est bloqué. On compte près de 20% de perte sur le pouvoir d’achat depuis 2000 pour les agents de la fonction publique.
Je défends mon statut et mes services publics…
JE SUIS FONCTIONNAIRE ET JE SUIS LE 1ER MAI AU RASSEMBLEMENT
Je suis salariée dans une usine de verre, je travaille à la fabrication des flacons de luxe, vous savez ceux qu’on vend au prix de plusieurs journées de mon travail la nuit dans les magasins des Champs Elysées…
Faut dire, c’est tellement important de pouvoir s’acheter du parfum la nuit…Moi je ne peux pas, d’abord parce que c’est hors de prix et puis la nuit, je travaille…
Car à l’usine, on fait les 3 « huit », on produit jour et nuit… je suis payée 9,76 € brut de l’heure, oui le SMIC, j’ai 6 € mensuel de prime d’ancienneté et mes heures de nuit sont majorées à 10%... Je n’ai pas de 13ème mois, pas d’autre prime…
La nuit, notre employeur nous surveille de chez lui au travers de caméras installées « soi-disant » pour le vol…
Alors cette année, avec des collègues on a dit stop !
On s’est syndiquées et deux d’entre nous se sont présentées aux élections avec notre organisation CGT…100 % des voix nous ont élues !!!
Alors pour combattre les mauvais coups mais surtout pour gagner de nouveaux droits et améliorer notre convention collective, je participe aux actions et je suis solidaire…
JE SUIS OUVRIÈRE ET JE SUIS LE 1ER MAI AU RASSEMBLEMENT
Enfin je suis un petit garçon de 7 ans et demi, je regarde mes parents se battre au quotidien.
Ils me disent qu’ils luttent pour un avenir meilleur, pour eux, pour ma mamie, mais surtout pour moi…
Je ne sais pas encore très bien ce qu’est l’avenir, j’espère juste que l’on pourra encore vivre dignement quand je serai grand.
J’entends souvent qu’on se bat pour l’école, pour apprendre tous ensemble avec nos différences, pour qu’on se soigne tous sans restriction d’argent ou de territoire.
Mais surtout je sais que des espèces d’animaux disparaissent chaque jour par les politiques écologiques menées au service de l’argent.
Alors j’ai 7 ans et demi mais pour l’avenir de tous les enfants je suis au rassemblement du 1er mai.
Mais je suis aussi CHEMINOT, ÉLECTRICIEN, LYCÉEN, PROF, COMMÉDIEN, PARENTS, CITOYEN, METTALO, EMPLOYÉ, AVOCAT, ÉTUDIANT, ETC… ETC… ET JE SUIS LE 1ER MAI AU RASSEMBLEMENT
Mes chers amis, mes chers camarades, je vous donne rendez vous dans un premier temps à 11h30, aux cotés de Nicolas Langlois, Maire de Dieppe, au vernissage de l’Expo sur mai 68 et ensuite pour un barbecue festif et musical avec les Red Lezards.
Et puis surtout, je vous donne rendez-vous le 22 ami prochain pour une grande journée de grève et de manifestation.
Bon 1er mai à tous, vive la lutte, vive la CGT !!!