COVID 19 - QUELLES SÉCURITÉS POUR LES SALARIÉS DE LA RÉGION DIEPPOISES
13 avr. 2020
Depuis quelques jours, nous observons un empressement des entreprises à reprendre le travail, parfois au détriment de la santé des salariés et surtout pour des missions qui n'ont aucune activité essentielle dans cette période de confinement.
Alors que la répression financière s'abat sur les citoyens qui se déplacent pour des raisons d'approvisionnement, de garde d'enfants ou juste pour effectuer quelques pas autour de chez eux, les salariés sont sommés de reprendre leur travail afin de maintenir en vie les dividendes du capital au détriment de la leur. Dans cette lutte des classes, les salariés sont aujourd'hui de la chair à poison...
Malgré tout, en faisant le bilan des entreprises de la région dieppoise, on s’aperçoit que partout où se trouvent des élus CGT, la sécurité est la priorité et quand elle n'est pas en place, on arrive à obliger l'employeur à s'y soumettre.
L'HÔPITAL DE DIEPPE
Le syndicat des hospitaliers de Dieppe est sur le front depuis le début de la pandémie : tract, rendez-vous avec la direction, pétition, courrier au ministre, etc.
Le syndicat, derrière son secrétaire général, ne compte pas son temps pour que tous les salariés soient protégés avec le matériel nécessaire, mais aussi pour que l'ensemble des patients soient traités médicalement, quelque soit leur age ou leur degré de contamination, ce qui ne semble pas être la politique de l'ARS ou du gouvernement...
En parlant de ces derniers, on pourrait dire "voici venu le temps des assassins", tant la gestion, par la destruction de l'hôpital mais aussi certaines directives gouvernementales, sont meurtrières...
LES EHPAD
A notre connaissance, et souvent grâce à l'intervention des élus CGT, les protections sont présentes dans les EHPAD de la région dieppoise (Château Michel, OPAD, Albert Jean Luneray, le Bois Joli Grandes-Ventes, Saint-Valéry...) et il ne semble pas, aux dernières nouvelles, avoir eu des cas d'infection, ni chez les résidents, ni chez les salariés. Mais la plus grande vigilance reste de mise.
Beaucoup plus problématique à la résidence Bonvoisin de Dieppe. Malgré les interventions de la camarade de la CGT, il aura fallut beaucoup de temps pour que les protections adéquates soient mises à la disposition des salariés. Résultat : à l'heure où nous écrivons ces lignes, on dénombre déjà 7 résidents et 4 salariés positifs au COVID 19. Après les différentes interventions, notamment de nos camarades hospitaliers, certains résidents ont été transférés à l'hôpital malgré les réticences et la politique gouvernementale mise en place vis à vis des personnes âgées infectées.
Autre fait beaucoup plus grave : le syndicat CGT a exigé que l'ensemble des personnels de Bonvoisin soit testé, ce qui a été refusé par la directrice de l'établissement qui a pourtant été elle-même se faire tester en catimini à l'hôpital de Dieppe - test confirmé par la direction de l'établissement public dieppois... Un vrai scandale !!! Dans la série ma gueule d'abord, la chair à poison plus tard !
LES ATELIERS DU GOUT
Fournisseur de produits alimentaires, l'usine offranvillaise a continué de fonctionner.
Les ateliers "surgelés poissons et poêlées" travaillent actuellement en 2/8 sur 2 lignes de productions au lieu de travailler en 3/8 sur 5 lignes de production de jour et 2 lignes de production de nuit ainsi que le samedi matin.
Les ateliers "frais de salade" ne travaillent actuellement que 4 jours avec des tonnages très bas au lieu de 5 jours.
Tout le personnel le pouvant a été mis en télétravail. En production, un système de roulement de 2 équipes sur 2 semaines a été instauré. Le choix a été laissé aux salariés de poser des CP/RTT/Heures sup. ou de se mettre au chômage partiel mais la direction a conseillé d'utiliser en priorité les CP/RTT/Heures sup., sous menace de ne pas les accorder après le confinement et avant la fin de l'année fiscale.
Evidemment, le syndicat intervient régulièrement pour exiger le respect des consignes et veille à la sécurité et aux conditions de travail des salariés. Les élus ont revendiqué une prime pour tous les salariés à l'issue de ce confinement mais pour l'instant, pas de réponse de la direction.
Pour les conditions sanitaires, tout est respecté et appliqué au mieux.
VEOLIA EAU - ENEDIS
Chez Véolia Eau ou ENEDIS, les salariés ont été placés en confinement et seules les astreintes fonctionnent pour les situations d'urgence.
CNPE PALUEL
Pour les services continus (conduite et protection de site) : passage de 7 à 5 équipes (toujours en 3x8) pour étoffer les équipes et avoir des agents en réserve ainsi que le passage en « équipe mini » (moins d’agents de terrain)
Pour la maintenance et les prestataires, ne sont présents sur le site que les personnes avec activité (certaines activités ont été décalées), les autres sont en télétravail ou en « dispo domicile ».
Présence sur le site d'entre 550 et 700 personnes par jour (au lieu d’environ 2000).
Cette situation est différente d’un site à l’autre. En France, il y a 5 arrêts de tranche dits prioritaires, où le national met vraiment la pression pour tenir le planning. Il y a 23 arrêts de tranche à venir qui ont été décalés.
Pour les mesures de protection :
- Port du masque pour une population très limitée (personnes présentes en salle de commande et à la protection de site). Pour les autres : des masques sont en commande.
- Gel hydro alcoolique à disposition (le service chimie en fabrique)
- Fermeture du réfectoire du restaurant entreprise (vente à emporter uniquement)
- Fermeture du centre de formation
- Suppression du transport collectif
- Limitation du nombre de personnes dans les ascenseurs, navettes internes, …
- Les réunions se font en "audio"
- Nettoyage régulier des portiques, poignée de porte, vestiaires communs, ascenseurs, rampes d’escalier, …
Nous avons quotidiennement des échanges avec la direction ainsi que des CSE Extra réguliers sur la gestion de la crise.
CNPE PENLY
À de très nombreuses reprises, les élus CGT ont réclamé que les salariés bénéficient de protections, notamment des masque, pour l'ensemble du personnel.
Lors des réunions en CSE, des déclarations ont été faites en ce sens (voir ci-dessous).
Par ailleurs le personnel sous-traité, type nettoyage, n'en bénéficie pas non plus et est fortement exposé à une contamination possible au COVID 19. La CGT a d'ailleurs déposé un droit d'alerte pour "danger grave et imminent" en ce sens pour l'ensemble des salariés du site.
MAIRIE DE DIEPPE / AGGLO DIEPPE MARITIME
Depuis le début du confinement, le maire de Dieppe a demandé aux agents qui ont des enfants de moins de 16 ans, à ceux souffrant de pathologie et aux femmes enceintes de rester chez eux, tout en construisant un plan de continuité de service. Dans un courrier répondant aux interrogations de nos camarades du syndicat des territoriaux, il rappelle que les moyens de protection ont été fournis aux agents qui maintiennent les nécessités de service, telle que l'aide aux personnes âgées, la propreté urbaine ou l’accueil des enfants de soignants. Sans oublier tous ceux qui sont en télétravail.
A l'agglo, le principe est le même avec une continuité des services essentiels, comme la collecte, et une partie du personnel en télétravail.
Les syndicats CGT restent à l'écoute des salariés pour les besoins de cette période compliquée pour tous.
KIDILIZ Group
Toutes les boutiques (prêt-à-porter de la mode enfantine) sont fermées depuis le 16 mars au matin. Très peu de personnes travaillent encore sur site : deux, trois personnes sur les 2 sites. Le télétravail est la priorité pour le personnel dans certains secteurs.
Nos réunions avec la direction s'effectuent en conférences téléphonées.
Échanges avec les salariés par SMS, e-mails car il y a beaucoup d'inquiétude sur les fermetures de boutiques en cours. Le personnel se pose beaucoup de questions.
FOIR'FOUILLE DIEPPE
Le magasin est fermé depuis le début du confinement. Aucune reprise n'est pour l'instant envisagée
AUCHAN zone de vie Dieppe/Mers/Luneray
Les “grands oubliés” de cette crise sanitaire sont à ce jour les salariés du commerce. Malgré l’appel au confinement, elles et ils continuent de travailler dans une entreprise qui brasse quotidiennement des milliers de clients avec le risque perpétuel d’être en contact avec le coronavirus.
Le syndicat CGT a alerté la direction pour des améliorations de condition de travail à mettre en place.
Q'un seul sas soit ouvert, afin de mieux filtrer les entrées au lieu que les deux soient ouverts.
En jardinerie et au SAV, il a été constaté qu’aucune protection n’avait été installée pour protéger nos collègues ou encore à l’accueil du drive où aucune règle n’est précisée concernant l’accès ni même la distance entre le collaborateur et le client au moment de l’échange.
Un nombre très important de règles d'hygiène et de sécurité élémentaire ont été réclamées en intersyndicale via un courrier par les élus CSE.
Un renforcement de l’équipe sécurité a été demandé.
Beaucoup d'employés, surtout en caisse, ont fait part de leur stress en venant au travail, aussi parce que plus de deux semaines ont été nécessaires pour avoir des masques de protection.
LUNOR
Dans l'agroalimentaire, la production continue. Une quinzaine de personnes est en arrêt confinement pour garde d'enfants et une dizaine est en arrêt par rapport à leur santé fragile face à ce virus.
Pour le moment, la direction met tout en oeuvre afin que les salariés soient en sécurité (masques, gants, film protection au poste entre deux salarié etc...).
Il y a beaucoup de télé travail pour les salariés du bureau.
Une réunion CSE est organisée pour la prime et le report des congés payés non pris. La direction a déjà fait savoir qu'elle était d'accord à notre Délégué Syndical (pour rappel les élues CSE de Lunor sont tous à la CGT).
NORMIVAL
La situation de Normival est identique : des mesures de sécurité comme gel hydroalcoolique et masque sont distribués.
Malheureusement, la direction a fait passer une modulation horaire pour les salariés (-1h30 par jour) au lieu de mettre en chômage partiel. La CGT n'a pu s'opposer à cette mesure car elle n'est pas majoritaire.
NESTLÉ DIEPPE
Après de grandes difficultés pour la direction, avec plus de 7 réunions commission CSSCT extra entre le 20 mars et le 03 avril pour renforcer la sécurité du personnel, mettre en place et préconiser des mesures en plus des gestes barrière courants (lavages des mains et distances sociales), les élus CGT ont été entendus.
La direction a mis en place une prise de température avant chaque entrée dans l'usine pour tous le monde (CDI, CDD, intérimaires, sous-traitant, etc...) sur une base de volontariat pour cette mesure.
La désinfection et le nettoyage toutes les heures dans l'entreprise par une société de nettoyage. La distribution de 2 masques de protection par jour ou par quart.
Ces mesures peuvent évoluer dans le temps et selon l'évolution de l'épidémie.
Notre camarade Eric Toussaint, Délégué Syndical Central, a écrit au DRH de Nestlé France.
CARBON META (métiers du verre)
L'usine a fermé le 17 mars.
L'employeur a envoyé un mail pour reprise du travail le mardi 14 avril à 5h et en 3x8.
Notre Camarade Déléguée Syndicale, Rose, lui a demandé, s'il avait fait le nécessaire pour la sécurité des salariés et si l'usine tournait à plein régime.
L'employeur a répondu qu'il avait mis des plexiglas entre chaque personne travaillant à moins d'un mètre et la production tournera à plein régime. Ce qui veut dire beaucoup de monde pour de petites surfaces. Rien que pour les vestiaires, ça va être très compliqué.
Notre camarade lui a renvoyé un mail lui rappelant que les vestiaires sont très petits ainsi que le réfectoire et qu'il faut aussi des produits désinfectants.
GYPASS
Chez Gypass (fabrication des portes et portails en aluminium) la direction a voulu continuer la production dès le départ du confinement. Notre camarade Jérome est immédiatement intervenu pour dire que les conditions de sécurité n'étaient pas présentes pour les salariés et qu'en outre, l'usine ne présentait pas un caractère vital dans sa production.
La direction ne voulant rien savoir, il a relevé que la quasi totalité des salariés (une grosse centaine) ferait valoir son droit de retrait. Résultat : l'usine a été fermée pendant plusieurs semaines et les salariés, enfin sécurisés, ont été mis en chômage partiel.
L'activité est en train de reprendre tout doucement avec un personnel extrêmement restreint et des salariés avec le matériel adéquat.
SIARR
Situation identique à celle de GYPASS, la direction ne voulant pas stopper la production de... crochets d'attelage ! L'intervention de notre Camarade Antoine, DS, a eut les mêmes effets, à savoir la fermeture de l'entreprise.
WALOR
La production a été mise à l’arrêt. Le travail a repris la semaine dernière pour brancher de nouvelles machines qui arrivent. Il y avait 5 personnes dans l’entreprise, chacun dans son coin.
Depuis cette semaine, 6 personnes supplémentaires en production ont repris en journée.
La direction essaye de trouver des solutions pour une reprise sur certains équipements; selon la demande des clients (désinfectants, gants, masques).
Une dizaine de salariés volontaires travaille à la journée (entretien qualité et prod) pour le moment. Un point est fait par téléphone, entre les élus et la direction tous les jeudi.
CHEMINOTS
Infos du terrain :
- Les bureaux de ventes fermés (national).
- Ligne Dieppe/Rouen: 2 aller/retour par jour.
- Les agents circulation sont postés avec des horaires moindres en fonction des trains (ce sont les agents qui "autorisent" les départs des trains).
- Derniers chiffres trafic Normandie : 20% assurés à la suite du plan de transport modifié (Covid).
- Maintenance du réseau : beaucoup d'agents en confinement, maintenance "dite critique" en priorité, et alternance des agents pour qu'il n'y ait pas toujours les mêmes sur le terrain.
- Ils imposent aux agents de prendre 5 repos d'ici la fin Avril, tout en sachant que si les agents ne les ont pas programmés en date du 10 Avril, le chef les leur imposera.
Sur certains établissements par contre, c'est autre chose :
- 1ère livraison de masques et gel hydroalcoolique livrés début avril (!!!) à la suite de pénurie.
- Les règles sanitaires non respectées.
- Les agents sur le terrain n'avaient ni eau ni savon pour se laver les mains.
- Les gestes barrières ou distanciation "sociale" (plutôt sanitaire à mon sens) non respectées.
- La direction a "pondu" des fiches maintenances "spécial Covid19" depuis la semaine dernière. Elles sont incohérentes pour certaines (sur 26 à ce jour, certaines en sont à la 3ème rectification car la faisabilité n'était pas bonne à la suite des remontées des élus CGT).
Un droit d'alerte a été déposé, qui a débouché sur un désaccord par rapport à ces fiches. en attente pour la saisine.
SODINEUF (bailleur social)
Chaque semaine un point est fait en visio entre la Direction et les 2 délégués syndicaux.
Au sein de la société, la répartition est assez équilibrée : 1/4 des salariés en télétravail (essentiellement les cadres), 1/4 en chômage technique partiel (essentiellement agents de terrain), 1/4 en chômage technique complet, 1/4 en arrêt de travail classique ou garde d'enfant. Quelque soit la situation des salariés, la direction s'est engagée à verser 100% des salaires pour mars et avril (Sodineuf fait la demande d'indemnisation auprès de l'Etat pour le chômage partiel en parallèle).
Comme l'Etat n'est pas favorable à indemniser les bailleurs sociaux ayant eu recours au chômage partiel, il risque d'y avoir une reprise rapide de toute l'activité.
Pour le moment, le personnel de terrain est correctement équipé (gants, masques, lunettes, gels) et les visites chez les locataires demeurent interdites.
Enfin, l'idée de faire passer des journées de confinement en journées de congés payés a commencé à faire son chemin dans les têtes dirigeantes. Notre Camarade Lilian, DS, s'y est fermement opposé.