VIVE LA COMMUNE !
18 mars 2021La Commune de Paris est née d’un sursaut patriotique contre la faillite du second empire, voire d’un sentiment de trahison des équipes dirigeantes durant la guerre contre la Prusse de 1870/1871. Elle est aussi le fruit d’un puissant reflexe républicain contre les dangers d’une restauration monarchique.
Suite à la défaite, l’Assemblée nationale, à majorité royaliste, transfère la capitale à Versailles. Le chef de l’exécutif, Adolphe Thiers, allume la mèche par une provocation. Le 18 mars 1871, il ordonne à l’armée de s’emparer des canons, propriété de la Garde nationale, que celle-ci avait installés à Montmartre et aux Buttes-Chaumont pour défendre Paris. La foule s’interpose, la troupe fraternise et exécute deux généraux. La révolte se transforme en révolution ouvrière qui va durer 72 jours.
Les décisions les plus marquantes prises par la Commune vont devenir durant les quelques décennies qui vont suivre les lois de la République.
L’église est séparée de l’Etat, le décret reste lettre morte, mais il sera la loi en 1905.
Un enseignement laïque, gratuit et obligatoire, tente de se mettre en place, Jules Ferry pourra bientôt s’en attribuer la paternité.
La liberté de réunion sera votée en 1881, la liberté d’association sera effective en 1901.
Comme l’avait anticipé Jules Vallès : « Avec nos fusils d’insurgés, nous avons calé la République ».
On pourrait multiplier les exemples qui restent à concrétiser encore aujourd’hui, comme la démocratie authentique, directe, reposant sur la citoyenneté, avec des élus révocables ; l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes ; le vote des immigrés ; la diffusion d’une culture populaire.
La répression sera féroce : 20 000 et 30 000 massacrés, dont nombre de femmes et d’enfants, 36 000 prisonniers et plus de 4500 déportés. Pourtant, comme le disait Victor Hugo, « Le cadavre est à terre, mais l’idée est debout ».
On ne voit trop souvent dans la Commune qu’un mouvement provoqué par le patriotisme devant le comportement du gouvernement provisoire face à l’ennemi.
Un tel sentiment est bien présent, mais le déclenchement de l’insurrection, le 18 mars 1871, résulte d’une hostilité latente, faite de rancœur, de crainte et de méfiance entre la classe bourgeoise dominante et les classes opprimées.
L’apparente spontanéité du mouvement ne doit pas masquer la progressive organisation des forces ouvrières.
L’association Internationale des Travailleurs – la 1ère internationale – s’est considérablement développée entre 1864 et 1870. Ses militants ont joué un rôle important dans la Commune.
Dans la région, ils sont particulièrement actifs dans les vallées industrielles de la Seine à Rouen, Elbeuf, du Cailly, de l’Austreberthe, à Bolbec, au Havre et dans l’arrondissement de Dieppe, Longueville, Torcy, Saint-Nicolas d’Aliermont. Nous relevons en Seine-Maritime 27 grèves touchant tous les corps de métiers entre 1868 et 1870.
Il reste que le Paris de 1871 a connu un type de gouvernement populaire, et même ouvrier, comme il n’y en a jamais eu en France.
La Commune reste une expérience inédite avec des actes innovants et une multitude de possibles.
Plus que jamais : « Vive la Commune ! ».