75ème Anniversaire de la nationalisation des industries électriques et gazières - Texte de Jacky Maussion
08 avr. 2021
Allain Leprest avait d’ailleurs écrit les paroles d’une chanson interprétée par Jean-Louis Foulquier qui s’intitule « Tout ce qui est dégueulasse porte un joli nom ! ».
Hercule n’est pas un mythe, mais une réalité qui aura des conséquences importantes pour les consommateurs et les personnels de l’entreprise publique. Avant de revenir sur ce projet, il convient de marquer les raisons pour lesquelles nous fêtons aujourd’hui les 75 ans de la nationalisation de l’entreprise.
EDF, entreprise publique depuis le 8 avril 1946 doit faire face à une privatisation rampante organisée par les pouvoirs publics depuis des années.
Depuis que l’entreprise a été nationalisée, la bourgeoisie, à première vue, manque cruellement d’imagination.
Elle ressasse, inlassablement les mêmes arguments. Les mots ne changent pas.
Lorsque Marcel Paul créait les comités mixtes à la production en 1946 on l’accusait de mettre en place les soviets.
Le 30 juin 1946, cinq jours après la publication par le journal officiel du décret de nationalisation d’EDF-GDF, le journal l’époque titrait : « Monsieur Marcel Paul nous ruine ». Quant aux avantages supposés dont bénéficieraient les agents EDF la charge est permanente depuis 1946.
8 avril 1946. Dans la France exsangue des années qui suivirent l’occupation allemande, il fallut non seulement « reconstruire » mais inventer un monde nouveau.
En mai 1943, après la réunification syndicale, la naissance du Conseil National de la Résistance achève le processus d’unification des forces de la Résistance (forces politiques de droite et de gauche, syndicats et mouvements issus de la clandestinité, Résistance intérieure et France libre). Il s’agit de préparer la libération du territoire, mais aussi et surtout de penser à la reconstruction, à la restauration de l’idéal républicain et démocratique.
Le comité général d’étude du CNR réfléchit alors sur un projet politique pour la Libération.
Ainsi le CNR publie, en mars 1944, un programme de gouvernement, connu sous le nom de Charte (ou programme) du CNR.
Cette synthèse devient la référence de toutes les forces de la Résistance et des débuts de la quatrième République, affirmant avec force le retour au régime républicain, le rétablissement des libertés et des partis politiques…
Mais ce programme a su également enrichir la « démocratie libérale », en l’élargissant à la « démocratie sociale ». Pour les auteurs de ce projet, il faut créer « une véritable démocratie économique et sociale », de participer à « l’éviction des grandes féodalités », et de promouvoir la « participation des travailleurs à la direction de l’économie, un plan complet de sécurité sociale, la sécurité de l’emploi, et des nationalisations ».
Un tel projet prend racine dans la référence au Front populaire afin de reconstruire le pays et la société sur des bases de justice sociale.
Une fois la Libération passée, le retour à la République est marqué par un fort désir de rénovation.
Marcel Paul, ministre communiste de la production industrielle, réalise la nationalisation des sources d’énergie en créant EDF et GDF le 8 avril 1946.
Cette création, dans le cadre de la reconstruction du pays, doit assurer la production d’énergie nécessaire pour tous. Le statut du personnel est adopté par décret le 22 juin 1946.
Ecarté du gouvernement, comme tous les autres ministres communistes, au printemps 1947 (guerre froide oblige), Marcel Paul, à la tête de la fédération CGT de l’éclairage, devient président du Conseil central des œuvres sociales d’EDF-GDF.
Cet ancêtre de la Caisse centrale d’activités sociales est dissout en 1951 et n’a pu être recréé qu’après luttes en 1964.
Les idées de privatisation, hier comme aujourd’hui, sont portées par les partis politiques qui prônent le libéralisme comme référence économique.
Ces sont les directives européennes libérales qui réussissent à mettre un coup de canif dans le contrat d’EDF, avec notamment l’ouverture à la concurrence. L’ensemble des gouvernements successifs soutient et suit globalement ces directives.
En 1999, l’Assemblée nationale vote en première lecture la loi de transposition de la directive européenne sur l’électricité. En 2004, dans son intervention du 6 avril, Nicolas Sarkozy s’engage à ce qu’il n’y ait pas de privatisation d’EDF et de Gaz de France, on connaît la suite.
Le 29 juin 2004, l’Assemblée nationale adopte en première lecture le changement de statut d’EDF. Le 9 août 2004, la loi 2004-803 transforme EDF et GDF en SA (l’Etat doit détenir 70 % du capital).
En 2007, c’est l’ouverture aux particuliers du marché de l’électricité et du gaz.
Dans la même veine, la même logique, nous avons aujourd’hui le projet Hercule.
Le démantèlement d’EDF en trois entités est un accélérateur pour libéraliser encore plus le marché. Hercule va offrir sur un plateau les activités rentables aux concurrents et laisser à EDF le reste.
Ainsi, les énergies renouvelables et les services en tous genres seront pour les concurrents. Etant donné que le nucléaire est un investissement à long terme nécessitant de gros investissements, il est jugé peu intéressant pour les actionnaires, habitués au court terme.
Au bout du compte, les consommateurs vont être privés d’un service public efficace, essentiel à la vie quotidienne et continuer de payer la note avec une augmentation des prix de près de 50 % en dix ans. En 2016, le consommateur a payé une fois et demie de plus qu’en 2007.
Nous sommes, à la CGT, mobilisés avec d’autres organisations, pour s’opposer à ce démantèlement en proposant un grand pôle public de l’énergie qui comprendrait les énergies renouvelables, l’impact carbone, les nouvelles technologies et une gestion rigoureuse des installations existantes.
Jacky Maussion, Président de l'IHS CGT 76