Accident de Denguin : La sécurité ferroviaire n’a pas de prix !

Une semaine après l’accident ferroviaire survenu entre un TER et un TGV à DENGUIN le 17 juillet dernier, les éléments de l’enquête interne diligentée par la SNCF en notre possession font état d’une défaillance technique avérée.

Au cours d’une enquête réalisée hier en présence d’experts et du juge d’instruction, les essayeurs ont constaté des installations défaillantes (fils dénudés entrainant réalimentation). Les mesures effectuées ont reproduit les dérangements contraires à la sécurité observés par les acteurs le jour de l’accident.

Toute erreur humaine est donc exclue

Cet accident met cependant une nouvelle fois en lumière une politique de maintenance des infrastructures ferroviaires en total décalage avec les exigences de sécurité requises pour le système ferroviaire.

Pour la fédération CGT des cheminots, il est inadmissible d’attendre d’être confrontés à un accident dramatique pour lancer des opérations de maintenance spectaculaires.

Il est surtout urgent de revoir la politique de maintenance des infrastructures, de prendre toutes les dispositions permettant une surveillance quotidienne des installations ferroviaires.

Les réorganisations opérées ces dernières années, les économies drastiques réalisées sur l’appareil de production, en premier sur l’emploi et la formation professionnelle, le développement de la sous-traitance pour servir la politique « business » de la Direction de la SNCF, ont des conséquences dramatiques que personne ne peut plus nier.

La réforme du ferroviaire adoptée au Parlement le 22 juillet 2014 encourage malheureusement la poursuite et l’accélération de cette politique.

Le désendettement et le financement du système ferroviaire, son intégration autour d’une seule entreprise publique, comme le revendique la CGT, permettant aux utilisateurs du rail et aux mainteneurs de travailler ensemble, sont plus que jamais d’actualité.

On ne joue pas au petit train électrique. La sécurité des circulations, des voyageurs, des marchandises et des cheminots n’a pas de prix. Elle n’est pas négociable.

État et Direction de la SNCF vont devoir rendre des comptes.

La fédération CGT des cheminots continuera d’être à l’offensive pour exiger les dispositions d’organisation et les moyens permettant d’avoir un réseau ferroviaire de qualité alliant confort et sécurité.

C’est aussi la raison pour laquelle elle va se constituer partie civile, dans le cadre de cet accident.

En attendant, elle tient à saluer la responsabilité, le professionnalisme et le sang-froid des cheminots des régions de Bordeaux et de Toulouse qui, depuis l’accident, ont subi un véritable harcèlement de la part d’une Direction de la SNCF à la recherche d’un lampiste.

Montreuil, le 25 juillet 2014

Lire sur notre blog les articles publiés depuis un an sur la série d'accidents ferroviaires :
Liste non exhaustive d'accidents en France, depuis l'ouverture du fret ferroviaire à la concurrence en 2006 :
  • Le 26 mai 2013, accident à Narbonne: une locomotive d'une entreprise privée, circulant sur voie principale, a franchi une signalisation fermée, a continué sur plus de 670 mètres, provoquant des dégâts considérables, risquant un choc frontal avec une autre circulation. A quelques minutes près, un train de marchandises transportant de l'essence aurait pu rentrer en collision avec cet engin.  
  • Le 17 février 2012, accident à Breteuil (nord de l'Oise). Deux wagons vides avaient été attelés en queue de cette longue rame de 470 mètres alors qu'habituellement, ces véhicules, par nature plus instables, sont positionnés en milieu de train.
  • Le 8 mars 2011, déraillement à Arthenay (Loiret) d'un train ECR (filiale de la Deutsche Bahn), lancé à 100km/h. Gros dégâts, gros retards.

  • Le 9 avril 2011, déraillement à Labouheyre (Landes), d'un train ECR chargé de bois déraille.

  • Le 2 février 2012, collision à Maillé (Indre-et-Loire), entre deux trains de fret des opérateurs ECR et Colas-Rail.

  • Le 20 Mai 2009, un choc survenu dans la nuit entre deux trains de fret au niveau de Charmant (Charente), entre un train de fret SNCF et un train de la compagnie ECR transportant des tractopelles mal arrimés. Enormes retards sur les lignes TGV.
  • Le 26 Avril 2008, incident spectaculaire en gare de Montauban. Un train de Véolia, privé de freins, traversé la gare à 70km/h (L'entretien des freins avait été soustraité à une petite PME). À 5 minutes près, il rencontrait un train de voyageurs.

La liste de ces incidents est tellement longue que la CGT cheminots a tiré à plusieurs reprises le signal d'alarme (voir aussi ici): « Les opérateurs ferroviaires privés rognent sur la sécurité pour gagner en rentabilité. Nous allons au-devant de très gros problèmes ». 

Huit opérateurs ! A la suite de l'accident du 20 mai 2009, Didier le Reste pour la CGT, rappelait «  les catastrophes évitées comme en avril 2008 à Montauban, où un train de Veolia Cargo Rail de fret qui circulait à plus de 60 km/h n'avait plus de freins ». «  On a maintenant huit opérateurs privés, qui ont la possibilité de faire circuler des trains de fret en France, sans aucune structure adaptée de contrôle » , note le secrétaire général de la CGT-cheminots.

La CGT-cheminots demandait alors la création d'un «  gendarme du rail » à l'instar des contrôles effectués sur le fret routier pour vérifier les conditions d'exploitation et le niveau de sécurité.

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