Emprunt pour la paie des fonctionnaires? Coup médiatique pour une aggravation de l’austérité.

 

En même temps que l’on disait vouloir rassurer les fonctionnaires, en leur expliquant qu’il n'y a pas de risque pour leur paye de fin décembre, les médias ont annoncé que l’Etat n’avait plus les moyens de payer leur salaire, et qu’il devrait emprunter sur le marché bancaire.

 

Info, ou intox ? Info et intox !

 

C’est évidemment coup médiatique contre les fonctionnaires, mais aussi une préparation psychologique de la population à plus d’austérité, qui a eu lieu cette semaine dans les médias.

 

La somme manquante annoncée est conséquente : 930 millions d'euros, mais ça n'est « que » 1% de la masse salariale de l'Etat. Certes, il faut évidemment la trouver.

 

Comment ?

 

Il n’y a, en réalité, pas besoin de faire des économies ni d'emprunter plus, car il y a, ici ou là, comme tous les ans, des postes budgétaires où l'on a moins dépensé que prévu (par exemple pour le RSA).

 

Donc, pour assurer les payes de décembre, il va suffire d'un jeu d'écriture.

 

Cependant, ce n’est évidemment pas aussi simple, car dans toute manipulation il y a une part de vérité.

 

Ce que les médias ne disent pas c’est que l’Etat emprunte tous les mois, pour rembourser quelques jours plus tard, voire quelques semaines, les sommes nécessaires pour payer le salaire des fonctionnaires, et ses autres dépenses.

 

La raison en est simple : il n’y a pas corrélation entre les dates d’entrées de l’argent dans les caisses de l’Etat, et ses besoins de dépenses. Des écarts se produisent nécessitant des ajustements, car les paies n’attendent pas.

 

Bercy emprunte donc tous les mois ! Mais c'est tout à fait normal; c'est le fonctionnement normal des services de l'Etat. Ce type de service existe aussi dans les régions, les départements, et les grandes communes, mais aussi les grandes entreprises, les grandes assurances, mutuelles, et même les banques. Partout la gestion nécessite ce type de mécanisme; la gestion c'est un métier !

 

Pourquoi mettre tout d’un coup l’accent sur cet emprunt, en agitant le chiffon rouge ?

 

Cela fait évidemment partie d’un plan médiatique, visant :

  • => à préparer les populations à une austérité renforcée ;
  • => à leur faire accepter qu’il y ait moins de service public, moins d’hôpitaux, moins de policiers, moins de gendarmes, moins d’enseignants ;
  • => à faire que la Sécurité sociale rembourse encore moins les médicaments ;
  • => etc.
  • => Et, évidemment à faire accepter aux fonctionnaires une baisse de leurs salaires nets, à cause de l’augmentation de leurs cotisations retraites.

Autrefois (il y a 20 ans) lorsque les banques étaient nationalisées, le ministère des finances faisait appel à elles, sans faire d’appels au marché.

 

Aujourd’hui, comme les banques sont privatisées, l’Etat est obligé de faire appel au marché.

 

Il est donc soumis à sa loi; la loi du marché; c'est à dire la loi de ceux qui spéculent avec nos sous, et qui provoquent des crises boursières, comme celle qui s'est produite il y a quelques mois.

 

Il suffit aujourd’hui que les agences de notation dégradent la note des Etats (comme pour la Grèce, l’Irlande, le Portugal, etc.) pour que les taux d’intérêt des emprunts grimpent. On parle pour ces Etats de taux d’intérêts usuraires de 7% : énormes !

 

Parallèlement cela permet au Gouvernement d’agiter le spectre la dette de l’Etat, qu’il a provoquée, notamment en créant le bouclier fiscal et en accroissant les exonérations fiscales de toutes natures; cela permet au président de la commission des finances de l’Assemblée de critiquer son propre gouvernement sur le manque de maîtrise des dépenses publiques de sa majorité.

 

Pour brouiller les cartes on ne fait pas mieux.

 

Pourtant la solution aux problèmes est simple : il faut sortir l’Etat des griffes des prédateurs bancaires.

 

Pour cela il faut (re)créer un pôle public bancaire, afin de sortir la République de la coupe des requins de la finance. Cela a été possible pendant les "trentes glorieuses", et cela à fortement contribué à la croissance et à la satisfaction des besoins sociaux.

 

C’est ce que la CGT revendique depuis des années

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