Internet ? La galère à Hautot-sur-mer... et ailleurs

En ayant cassé le Service Public des télécoms, et en ayant introduit la concurrence dans ce secteur comme dans beaucoup d'autres, les gouvernements successifs ont rendu plus difficile le progrès; c'est aujourd'hui un fait.

Internet en 2012 ? L'idée généralement acceptée, c'est que tout le monde y aurait accès: rien n'est plus faux !

En ce qui concerne l'accès au Haut Débit, c'est à dire entre 2 et 20 Mo/s, ils sont encore très nombreux à ne pas y avoir droit. Dans notre région, lorsque l'on vit en milieu rural, le débit est souvent inférieur à 1 Mo/s, à l'exception des gros bourgs dotés d'un central téléphonique où le débit est meilleur à proximité du central.

Mais cette situation de débit dégradé est aussi le cas de nombreux secteurs des villes moyennes, dans les quartiers délaissés des périphérie, comme le Val Druel, le Pollet, ou le Vieux Neuville, à Dieppe, ou encore Le Tréport, et... où l'on est heureux lorsque le débit dépasse les 512 Ko. Mais ça laggue lorsqu'on regarde une vidéo sur Dailymotion ou Youtube.

Mais il y a pire: l'accès à Internet par modem 56 Kb/s (7 Ko/s) ! ça existe encore !!!!

Oui, aujourd'hui, en 2012, par exemple lorsque l'on vit sur les hauts d'Hautot-sur-mer, pourtant situés à 2 km du central téléphonique de Varengeville-sur-mer (mais raccordés sur celui de Dieppe distant de 6 à 7km), l'accès à Internet se fait toujours par le modem téléphonique à 56 Kb/s (celui qui buibuise en occupant la ligne téléphonique), et il faut parfois attendre 2 à 3 heures pour télécharger ses méls au retour d'une absence un peu prolongée. Oui, à coté de nous il y a encore des citoyens défavorisés qui ne peuvent pas jouir sans entraves d'Internet, de la télévision sur ADSL, et du téléphone sur IP.

Alors qu'Internet est devenu indispensable pour la vie courante (accès à la banque, à de nombreux services publics, pour faire sa déclaration d'impôt, pour connaître les notes des enfants, au commerce électronique, etc.), certains de nos concitoyens sont aujourd'hui devenus des citoyens de seconde zone, à 7 km du centre-ville de Dieppe ! Scandaleux !

La preuve est faite: les opérateurs privés vont là où le marché leur promet rentabilité et bénéfices.

Aucun d'entr'eux ne prendra le risque d'investir lourdement dans le réseau, car la loi leur fait obligation d'ouvrir leur réseau à leurs concurrents, et surtout à "pas cher". Tous ont l’œil braqué sur leurs profits au seul bénéfice de leurs actionnaires. Tous s'attendent, se regardent, attendent celui qui va craquer et investir, pour ensuite venir faire des affaires sur son dos. Et cela produit des situations ubuesques comme celles d'Hautot-sur-mer

Internet ne faisant pas partir du "service universel", France Telecom se contente d'user et d'abuser de son réseau cuivre qu'il a construit à l'époque où il était Administration d'Etat (les PTT). Mais ses opérateurs concurrents se contentent de profiter de des investissements de France Telecom sans faire le moindre effort. Pas question pour ceux-ci de passer des câbles, où d'installer un bâti ADSL en proximité des quartiers ou des villages: trop cher !

Oui, la loi du marché diffère de la loi de l'intérêt général: c'est un fait !

Pourtant il parait que l'Etat aurait lancé voilà plus de deux ans le programme national du très haut débit mais, mais à ce jour très peu d'améliorations (voire pas du tout !)  ne se dessinent pour les usagers.

On est loin des promesses aux actes !

Pourtant , en novembre 2011, l'ARCEP (Autorité de régulation des communications téléphoniques et des postes) relève dans son rapport sur les « Durées d’amortissement des actifs de la boucle locale en cuivre de France Télécom » "que l’agenda numérique pour l’Europe prévoit qu’à horizon 2020, l’ensemble des citoyens européens devront disposer d’un débit descendant de 30 Mbps et, qu’à cet horizon, 50% des foyers auront souscrit à une offre permettant un débit descendant supérieur ou égal à 100 Mbps. De plus, l’Autorité relève qu’à horizon 2025, une couverture en très haut débit de 100% de la population est envisagée par les pouvoirs publics dans le cadre du programme national très haut débit."

Questions : par qui ? Comment ? De qui se moque-t-on ?
La fracture numérique risque de se creuser un peu plus à partir de 2015.

Si l'on a la chance d'être très urbain, il semblerait que la fibre optique pourrait commencer à se déployer au centre ville de Dieppe en 2015 (C'est ce qui se dit dans les "milieux autorisés" mais rien n'est encore confirmé), et donner alors accès au très haut débit, 100 Mo, à quelques privilégiés (Mais, évidemment, à plus cher qu'un simple abonnement de base à ADSL !).

L'écart entre les déshérités d'Hautot, et les privilégiés de la rue de la République de Dieppe se comptera donc en Méga-octets: 100 Mo; est-ce sérieux ?
Pour une relance du progrès pour tous, la CGT se prononce pour une réappropriation publique des télécoms.

La privatisation fait la preuve tous le jours de son inefficacité, voire de sa nocivité ! Il est urgent de revenir à une conception d'aménagement équitable du territoire, fondée sur l'égalité d'accès à tous aux services publics. Internet est aujourd'hui un service public, n'en déplaise aux législateurs ! Il faut remonter rapidement les débits, non de parole, mais dans les actes ! Et il faut parallèlement rétablir une péréquation tarifaire sur tout le territoire;

En quelque sorte, il faut redonner vie au Service Public, dans l'intérêt de tous.

Définitions:

  • Internet Haut débit: ADSL sur fil de cuivre (ligne téléphonique): 8 à 10Mo/s maxi, à condition d'habiter à moins de 2km du Central Téléphonique; souvent seulement 1Mo/s et moins; il faut au minimum 2 Mo/s pour avoir la Télévision sur ADSL.
  • Internet Très Haut Débit: Fibre Optique jusque l'Abonné (appelé aussi FTTH): 100 Mo/s partout; plusieurs canaux de télévision simultanés, permettant de bénéficier de la 3D à domicile, téléchargement de films, etc.

Mais aussi quelques définitions mathématiques :

  • To pour Téra-octets = 1024 Go
  • Go pour giga-octets = 1024 Mo
  • Mo pour méga-octets = 1024 Ko
  • Ko pour kilo-octets = 1024 octets

1o = 1 octet = 8 bits; C'est l'élément de base de toute l'informatique. Le bit est l'élément le plus petit et correspond à un signal électrique "passant". Par simplicité, on prend souvent en compte un facteur 1000 plutôt que 1024 entre chaque unité. Donc un Mo est 1024 fois plus grand qu'un ko. Et 56Kb/s = 7Ko/s.

Retour à l'accueil