La course à la rentabilité tue !
23 juil. 2011La course à la rentabilité tue !
L'actualité est marquée par la révélation d'une vague de suicides à l'ONF (office national des forêts).
Le 11 juillet un responsable d'une unité territoriale de Haute-Saône s'est pendu à son domicile.
Quelques jours plus tôt un garde de forestier avait également mis fin à ses jours. Au total, 23 salariés de l'ONF se sont suicidés en 5 ans.
Cette vague vient après la médiatisation de celle de France Telecom, qui se poursuit bien qu'on n'en parle moins. Et après celles de Renault. On parle de temps en temps des suicides dans la police ou dans la gendarmerie, et quelque fois ceux de l'éducation nationale qui se multiplient pourtant. Il y en a aussi à EDF, et à la SNCF.
A l'origine de chacune de ces vagues de suicide, il y a les coupes claires dans les effectifs, et la pression exercée par les directions pour obtenir plus de productivité. C'est le cas à l'ONF.
L'ONF n'est plus le service public qui entretient les forêts pour le plaisir des promeneurs, ni pour protéger les espèces en voie de disparition. C'est établissement encore public qui fonctionne, depuis les années 1990, comme une vulgaire société privée. Il est dotée d'une stratégie commerciale et d'un système de rémunération au mérite. "On nous demande d'avoir des objectifs financiers, et d'être des marchands de bois ", résumait le secrétaire général de la CGT Forêt, dans une interview dans la "dépêche du Midi".
La preuve ? Le gouvernement vient d'ailleurs d'exiger 21 millions de mètre cubes de bois supplémentaires d'ici à 2020, et il envisage de transférer la gestion des forêts communales à des sociétés privées.
Morale : à chaque fois que les critères de rentabilité prennent le pas sur ceux du Service public, cela frappe au coeur des milliers de salariés salariés soucieux de leur métier, de la qualité de leur travail, et du "bien faire".
En conséquence il faut craindre aujourd'hui, à cause du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux que cette vague explose dans l'éducation nationale, où cette politique place les enseignants dans des situations de plus en plus périlleuses.
Mais cela est-il mieux dans le secteur privé ? Pas du tout ! La souffrance au travail croît partout, et peut-être encore plus fortement et plus sournoisement dans le privé. Car la pression sur les objectifs se fait toujours plus forte, notamment chez les sous-traitants qui ne peuvent survivre qu'en étant de plus en plus brutaux vis à vis de leurs salariés.
Et si l'on parle des trains qui n'arrivent pas à l'heure, on ne dit jamais qu'un grand nombre des arrêts inopinés est provoqué par des suicides sur les voies. Pas plus que l'on ne fait le lien avec l'explosion des travailleurs sans domicile fixes.
Ce qui est en cause dans cette vague de suicide c'est le mode de gestion capitaliste, généralisé à toute la société. Tout montre aujourd'd'hui que ce mode de gestion est littéralement mortifère.