Nouvelle casse de l'Éducation prioritaire: Dieppe en ligne de mire
Communiqué commun de l'Union locale CGT de Dieppe et du syndicat CGT Éduc'Action
Inscrite dans la loi dite de « Refondation de l’École », la réduction des inégalités sociales et territoriales devait être l’une des priorités du gouvernement. Mais une nouvelle fois l’ambition affichée ne tiendra pas ses promesses et la déclinaison dans les académies est douloureuse.

La Recteur de l’Académie de Rouen a dévoilé, vendredi 14 novembre matin, lors d’un groupe de travail, la déclinaison académique de la nouvelle carte d’éducation prioritaire des collèges REP et REP+ pour la rentrée prochaine. Neuf collèges sortent de l’Éducation Prioritaire pour seulement trois nouveaux collèges qui y entrent ! C’est la perte sèche pour notre académie de cinq réseaux sur les 51 qu’elle comptait jusqu’à présent, soit une baisse de 12% !

Concernant les écoles qui dépendent d’un collège qui sortirait de l’Éducation Prioritaire, les DASEN de Seine-Maritime et de l’Eure ont précisé que ces écoles n’avaient pas vocation à former un réseau à elles seules.

Si le collège sort de l’Éducation Prioritaire, les écoles aussi !!!

Tout en précisant aussitôt que la prime ZEP est maintenue durant 3 ans et qu’une « attention particulière » serait faite lors des opérations carte scolaire ! Le DASEN de l’Eure osant annoncé « qu’il est possible d’inventer de nouveaux moyens sans pour autant être en Éducation Prioritaire », juste avant de se rétracter et préciser « de nouvelles méthodes » car en disant moyens il prenait le risque de laisser entendre moyens budgétaires ! Tout est dit ! Il n’y aura pratiquement rien ! La seule attention particulière doit être le classement en éducation prioritaire.

Rappelons qu’en 6 ans, l’éducation prioritaire dans les écoles de Seine-Maritime a été fortement touchée par les mesures de carte scolaire. Certaines écoles ont subi deux, trois voire quatre fermetures de classes successives. Les RASED, principalement implantés en éducation prioritaire, ont été aussi fortement réduits. Ainsi, depuis 2009, bilan de rentrée après bilan de rentrée, l’écart entre le taux d’encadrement des écoles élémentaires ZEP et hors ZEP s’est fortement réduit passant d’un écart de 2,45 élèves en 2009 (22.74 élèves par classe hors ZEP et 20.29 en ZEP) à 0.75 en 2014 (22.70 hors ZEP et 21.95 en ZEP) !

Pour la CGT Educ’action, la sortie des écoles de ZEP est dramatique, car les écoles sont dans des quartiers très défavorisées. Certaines écoles qui relèvent de ZEP, il n’est toujours pas proposé d’y entrer.

Le collègue Braque sort de Dieppe

Sur le secteur de Dieppe, si on peut se satisfaire du classement du collège Camus en REP+, l'annonce de la sortie du collège Braque n'est pas acceptable et est lourde de conséquence. Les moyens du collège s'en trouveront fortement réduits : budgétaires ou humains. Nombre de poste en baisse, ce qui entraînerait une augmentation des effectifs par classe, moins d'assistants d'éducation... pour ce collège qui a fait le pari d'une mixité sociale qui marche.

Les écoles maternelle et élémentaire Delaunay du Val Druel pourraient ainsi sortir de l’Éducation Prioritaire alors que tous les indicateurs indiquent que ces quartiers doivent rester en éducation prioritaire.

Il en est de même pour l'école élémentaire Michelet au Pollet, alors que depuis des années non seulement le classement de cette école en éducation prioritaire n'a jamais été remis en cause, mais l'école maternelle Vauquelin associée a toujours été considérée comme étant prioritaire malgré qu'elle n'en faisait pas partie.

De plus, il reste des incertitudes concernant les écoles maternelle Valentin Feldmann, élémentaire Ferry, l'élémentaire Desceliers-Fénelon et l'école maternelle Thomas qui, comme la maternelle Vauquelin, ne faisait pas encore partie de l'éducation prioritaire. Les écoles d'Arques la Bataille qui relèvent elles aussi de l'éducation prioritaire, n'ont aucune garantie pour y devenir, malgré qu'elles fassent partie du REP de Delvincourt.

Rappelons que depuis 5 ans, les écoles de Dieppe, notamment en éducation prioritaire, sont particulièrement touchées par les fermetures de classes et les suppressions de postes. Certaines écoles ont subi plusieurs fermetures de classes, comme l'école Sonia Delaunay qui a subi 4 fermetures en 4 ans. Les postes RASED ont été fortement réduits ne permettant plus de prendre en charge les élèves les plus en difficultés dans les écoles classées ZEP et encore moins dans les écoles hors ZEP !

Enfin, si pour les lycées aucune information n'a été faite ni de la ministre ni de la Recteur, il y a fort à craindre que les derniers lycées actuellement classés en éducation prioritaire en sortent. Ce qui est déjà le cas du lycée professionnel Emulation dieppoise.

Pour la CGT Educ'action du secteur de Dieppe et l'union locale CGT de la région Dieppoise, nous dénonçons la sortie du collège Braque de l’Éducation Prioritaire et les conséquences pour les écoles associées.

Elles appellent les parents, les enseignants et l'ensemble des salariés à s'organiser pour défendre l'éducation prioritaire. Avec l'ensemble des autres organisations syndicales et les fédérations de parents d'élèves, elles proposeront rapidement des actions pour défendre l'éducation prioritaire.

Pour la CGT Educ'action du secteur de Dieppe et l'Union locale CGT, l'annonce de la ministre d'un effort de la nation de 352 millions d'euros pour l'éducation prioritaire, est dérisoire comparé aux 200 milliards d'euros de cadeaux faits au patronat.

Cela représente à peine 0,2% ! A qui profite réellement l'effort de la nation ? Alors que le taux de chômage continue inexorablement son ascension en France comme dans notre région, que le taux de pauvreté augmente aussi, cette nouvelle carte de l'éducation prioritaire ne répond réellement pas au principe fondateur de l’Éducation Prioritaire « Donner plus à ce qui ont le moins pour la réussite de tous ! »

Enfin, alors que la ministre voulait aussi de tenir compte des inégalités sociales en milieu rural, les collèges de Blangy-sur-Bresle ou d'Aumale ne sont toujours pas classés en Education Prioritaire alors que dans ces secteurs, tout indique l'urgence de mettre en place des mesures prioritaires.
  • REP : Réseau d’Éducation Prioritaire (remplace les Réseau de Réussite Scolaire)
  • REP+ : remplace les dispositifs Écoles Collèges Lycées Ambition Innovation et Réussite (ECLAIR)
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