Santé: Pénurie de médecins (suite)
05 nov. 2010Nous avons dénoncé à plusieurs reprise, sur ce blog, la pénurie de médecins qui s'accroit d'année en année, dans notre ville, dans notre région, et dans la France entière.
Son origine est à rechercher dans le numérus clausus qui maintien le nombre d'étudiants nettement au dessous du chiffre des années 1970, alors que la population française a augmenté d'une dizaine de millions depuis cette époque.
Le numérus clausus c'est le nombre de place en 2e année d'études en médecine. A Rouen, ils sont près de 1500 en 1ère année pour 218 places en médecine, 27 en sage-femme, Kiné 45, et une dizaine de places en dentaire à Lille ou Reims. Un véritable gachis.
Ce numérus clausus organise une pénurie voulue, organisée, et justifiée depuis le milieu des années 1980, par les gouvernements successifs, sous le prétexte que limiter le nombre de médecins permettrait de limiter les dépenses de Sécurité sociale.
La décennie 1990 a été particulièrement brutale en ce domaine, conduisant à une diminution des deux tiers de la production de médecins, par rapport à l'année 1980 ! Enorme ! Aujourd'hui ce nombre a augmenté, mais il est encore 1/3 en dessous du chiffre de 1980.
En début de semaine, la presse locale a pointé les effets ce cette politique malthusienne, sur les chirurgiens dentistes de la région dieppoise. "Où sont passés les dentistes ?" titrait les informations dieppoises le 4 novembre 2010. Il faudrait plus de trois mois, en moyenne pour obtenir aujourd'hui un rendez-vous. Mieux vaudrait ne pas avoir un mal de dents, en particulier lors des vacances scolaires ou les jeudis.
Et le journaliste de noter, cependant, que, pour les rendez-vous "ordinaires", les délais ne sont pas aussi délirants que dans certaines spécialités médicales comme l'ophtalmologie.
Si l'on peut être d'accord avec celui-ci, lorsqu'il écrit que la situation (dieppoise) n'est pas aussi catastrophique qu'en campagne ou dans certaines villes comme le Havre, on ne peut être qu'en désaccord avec lui lorsqu'il écrit que les jeunes diplomés s'installeraient "en masse" dans le sud qui connaîtrait du coup "une densité médicale extravangante". On est ici dans la "tarte à la crème".
Non, il n'y pas de densité médicale extravagante dans le sud; peut-être la pénurie y est-elle moins forte qu'ailleurs ? peut-être que dans certaines villes de la "côte" qui attirent des milliardaires, le nombre de médecins est-il plus grand qu'ailleurs ?
Mais la raison première de cette situation est que la France ne produit pas assez de médecins, et ne pas combattre ce choix, et, pire, le passer sous silence, c'est se faire complice d'une aggravation rapide, dans les toutes prochaines années, de cette pénurie de médecins, une crise dramatique dont toute la population souffrira.
Lorsque l'on sait qu'il faut 7 à 10 ans pour produire un médecin ou un spécialiste, on mesure la gravité de la situation. Faut-il se rassurer (à bon compte) que, pour compenser cette carence, la France importe plus de 1000 médecins étrangers par an, privant de fait ces pays, parfois en état de sous-développement, des médecins qu'ils produisent ? Ce faisant le gouvernement prive nos propres jeunes de débouchés dans une profession aujourd'hui vieillissante, et de ce fait, crée une situation de pénurie.
Le chirugien-dentiste interrogé dans l'article des informations dieppoises signale qu'il est,depuis peu, obligé de travailler une demi-journée de plus, car il n'y pas assez de médecins sur Dieppe. Ils sont 21 aujourd'hui. Il y a eu 5 départs en retraites ou décès récents, et il sont 5 autres à se préparer à s'arrêter d'ici deux à 3 ans. On va dans le mur !
Lire aussi sur notre blog :
/fdata%2F0248101%2Favatar-blog-560366-tmpphp7WlV8A.jpeg)
Pénurie médicale : la véritable origine
Pénurie médicale : la véritable origine Les médias se font régulièrement l'écho des difficultés qu'ont les communes à remplacer des médecins qui partent en retraite; Et on nous raconte qu...
http://www.cgt-dieppe.fr/article-penurie-medicale-la-veritable-origine-57162512.html