Retraite: Éric Aubin de la CGT déclare « Nous prônons une meilleure mise à contribution du capital »
08 août 2013Éric Aubin. Nous sommes contre toute mesure qui atteint le pouvoir d’achat. La CGT juge l’éventualité d’une hausse de la CSG contre-productive. D’autant que cette mesure ne mettra à contribution le patrimoine que de manière marginale. C’est bien les ménages qui seront la cible de cette augmentation si elle voit le jour. Rappelons que la CSG est payée à 70 % par les salariés, l’augmenter serait toucher à la consommation au moment où l’on tente de relancer l’activité. C’est donc incohérent avec les ambitions gouvernementales en la matière.
Éric Aubin. Nous retrouvons dans cette mesure la marque du rapport Moreau. Dans ce document figurait la préconisation d’un alignement de la CSG des retraités, de 6,6 %, sur celle des actifs, de 7,5 %. L’augmentation d’un point de la CSG est censée rapporter entre 9 et 10 milliards et frapperait, d’après nos calculs, le pouvoir d’achat de 9,5 millions de personnes âgées. Pourtant, depuis des années, d’autres solutions, plus avantageuses économiquement, sont sur la table pour financer durablement notre système et garantir à chacun une bonne retraite.
Éric Aubin. Nous prônons une meilleure mise à contribution du capital. Au lieu de solliciter une nouvelle fois les retraités, nous proposons trois mesures à court terme : la mise en place de moyens pour lutter efficacement contre la fraude fiscale, qui nous fait perdre 80 milliards d’euros par an ; la remise en question des 200 milliards d’euros d’aides aux entreprises non conditionnées ; enfin, une lutte active pour l’égalité salariale entre hommes et femmes permettrait de dégager plus de 10 milliards d’ici à 2023. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’on ne sait pas où trouver l’argent. Ces dernières années, les dividendes versés aux actionnaires ont progressé sept fois plus vite que la masse salariale ces trente dernières années. Les 500 plus grosses fortunes ont augmenté de 25 % en un an (+ 66 milliards d’euros). Pour cette raison, nous maintenons nos trois revendications premières : retour à la retraite à soixante ans, calcul de la pension sur les dix meilleures années (au lieu des vingt-cinq années dans le privé), taux de remplacement à 75 % (pourcentage de la pension par rapport au salaire). C’est la seule manière de corriger les effets des réformes régressives passées. Les 7 milliards manquants pour maintenir notre système de retraite n’ont rien d’un casse-tête. Le choix politique peut être fait, comme le préconisent une majorité de Français, de mettre à contribution les revenus financiers, qui s’élèvent à 250 milliards chaque année.