Sécurisation de l'emploi ? Non, amplification de la précarité !

 

« Il ne faudra pas que le législateur s'en tienne simplement au nombre de signataires pour apprécier si l'accord est effectivement conforme à son orientation politique, ou alors cela voudra dire que le législateur renonce à son propre pouvoir d'intervention politique », a déclaré Bernard Thibault à l'issue d'une rencontre avec des députés socialistes sur la négociation en cours sur la sécurisation de l'emploi, mercredi 12 décembre 2012. « Nous avons fait part de notre analyse sur le processus de négociation, pour dire que, pour l'essentiel, nous sommes de plus en plus éloignés de la feuille de route politique, c'est-à-dire faire reculer la précarité, pour être de plus en plus sur le registre des revendications du patronat. On ne fait pas reculer la précarité, on propose de l'amplifier […] avec des nouveaux types de contrat de travail, des nouvelles procédures accélérées de licenciement et le retour des accords compétitivité-emploi », souligne le secrétaire général de la CGT, craignant ouvertement un accord signé en l'état par la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC.
« On voit bien que le nombre de signataires potentiels ne suffira pas à rendre l'accord légitime pour autant », continue-t-il en condamnant son éventuelle transposition « à l'aveugle » par le législateur. « S'agissant de la légitimité des signataires potentiels, certaines confédérations qui sont aujourd'hui autour de la table, sont susceptibles de ne plus en être dès l'année prochaine. Je pense à la CFTC. De plus, la CGC est une organisation qui, hier a modifié ses statuts pour renforcer le caractère catégoriel de sa représentativité. Cela n'enlève rien à son droit de négocier, mais elle est catégorielle », insiste Bernard Thibault.

 

« Même s'il y a un réflexe parmi les élus du parti socialiste qui consiste à entendre en priorité ce que peut dire la CFDT, l'expérience a montré en différentes occasions que de ne pas prendre le temps d'écouter ce que peut dire la CGT, c'est parfois commettre une erreur », poursuit-il en référence à l'indemnisation du chômage et à l'épisode des récalculés ou à la réforme des retraites de 2003. « Il n'y a pas une exclusivité de référence syndicale CFDT dans le raisonnement au sein du PS, du moins, je ne le perçois pas comme tel. »

Un possible « problème politique »

 

Pour Bernard Thibault, la transposition fidèle d'un éventuel accord source de « régressions sociales », poserait « un problème politique » pour la majorité gouvernementale. « C'est une chose que le Medef prétende obtenir à peu près les mêmes choses que ce qu'il aurait obtenu s'il n'y avait pas eu de changement politique, c'en est une autre que la majorité actuelle le reprenne à son compte. La gestion politique sera plus délicate, notamment pour une majorité qui a du mal à rassurer ses électeurs », analyse-t-il.
Si tel est le cas, « nous mobiliserons pour empêcher que ce texte ait une traduction législative ». « Nous allons commencer demain [le 13 décembre], devant les permanences patronales pour sensibiliser les salariés à la tournure des discussions. Le processus est engagé et s'il y avait un mauvais accord, alors nous passerions à une autre phase », avertit-il. « Tout comme nous n'acceptons pas certaines dispositions dans la négociation, nous n'accepterons pas ces dispositions dans la loi ! »

 

Les syndicats de salariés et le syndicat patronal (le Médef) doivent se retrouver les 19 et 20 décembre prochains pour ce qui pourrait constituer les réunions conclusives de la négociation nationale interprofessionnelle sur la sécurisation de l'emploi. 

 

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