Seine-Maritime: 152 jours d’attente en moyenne pour un rendez-vous chez l’ophtalmo
L'enquête nationale réalisée par Yssup Research (groupe Publicis Health Care, présidé par François Sarkozy) vient de mettre en évidence un délai d'attente moyen de 152 jours en Seine-Maritime pour obtenir un rendez-vous avec un ophtalmologue.

Certes cette enquête réalisée pour le groupe privé Point Vision qui développe ses centres ophtalmologiques en partenariat avec les complémentaires santé Malakoff-Médéric (dans la fratrie Sarkozy, cherchez cette fois... Guillaume) n'est pas dénuée d'arrière-pensées.

Mais ces résultats recoupent ceux d'autres études récentes comme l'expérience vécue par tout un chacun.

La Seine-Maritime a le triste privilège de se retrouver quasiment en queue du classement en matière de délai d'attente, avec un délai moyen de 152 jours, plus de 6 mois. L'impossibilité de prendre rendez-vous dans l'année (ou refus de nouveau patient) touche 31% des patients, 31% des ophtalmologues refusant même pour cause de saturation de prendre de nouveaux patients. Si l'on ajoute que la moyenne d'âge de ces spécialistes en Seine-maritime qui dépasse les 55 ans, ce n'est pas rassurant pour les années à venir.

Cette évolution n'est pas propre à l'ophtalmologie, et touche toutes la profession médicale et qui sont concernées Haute Normandie.

En janvier 2013, le magazine Capital avait publié une enquête exclusive, qui pointait déjà la dégradation des délais d’attente et les dépassements d’honoraires pratiqués par trois catégories de spécialistes : ophtalmologie, gynécologie et radiologie dentaire. "Au Havre, ça ne s’invente pas, l’un des gynécologues contactés n’a trouvé de créneau disponible que… dans neuf mois", précisait le magazine.

La Seine-maritime souffre, en effet, d'un déficit avérés de praticiens dans de très nombreux domaines comme les médecins généralistes, les dentistes, les kinésithérapeutes, etc. La difficulté d'accès à ces soins est aujourd'hui en passe de devenir un véritable problème de santé publique dans notre département.

Ajoutons que l'impossibilité d'avoir, par exemple, un rendez-vous dans la journée chez un médecin généraliste contribue:
  • => à l'engorgement catastrophique des services d'urgence qui ne sont pas faits pour cela,
  • => à l'automédication non-remboursée, pour patienter un rendez-vous dont le délais d'attente peut dépasser, chez un généraliste, les 48 heures voire plus !
  • => dépenses qui s'ajoutent donc (double peine), à la quasi-absence de remboursements par la Sécurité sociale des médicaments prescrits par le médecin (Même si les mutuelles, et complémentaires santé prennnent le relais).
La première raison, à origine de cette situation, est à rechercher dans l'inquiétante dégradation de la démographie médicale, que nous ne cessons, sur notre blog CGT, de dénoncer depuis des années.

C'est le résultat de politiques à courte vue qui ont instauré un numerus clausus stupide pour limiter l'accès aux professions médicales, sous prétexte de limiter ainsi la consommation de soins, ce qui n'est évidemment, pas arrivé car les besoins découlent de raisons objectives :

  • => accroissement de la population,
  • => gain d'espérance de vie,
  • => avancées médicales,
  • => utilisations de nouveaux outils,
  • => de nouveaux traitements...
Le numérus clausus est une limitation du nombre de place en 2e année de médecine pour empêcher aux étudiants de 1ère année de devenir tous médecins !

Avec cette "mesure bête" la France, en interdisant à ses jeunes de devenir médecins, est aujourd'hui contrainte d'importer des praticien.

La démographie médicale n'est pas le seul obstacle à l'accès aux soins !

La croissance des dépenses non remboursées comme la fragilisation de l'hôpital public pèsent fortement.

En Seine-maritime l'offre de soins des hôpitaux de proximité a été lourdement amputée ces dernières années, et la concentration de certaines activités dans un nombre limité d'établissements, qui est en train de s'accélérer, ne va pas dans le sens de l'intérêt des patients, ni des personnels.

Ces choix qui a été mis en place depuis des décennies, dans une perspective uniquement comptables, pour corseter l'offre de soins, sont humainement insupportables, facteurs d'inégalités sociales et territoriales intolérables, et sont en plus une hérésie économique:

  • => parce qu'ils font obstacle à une véritable politique de santé publique incluant une réelle prévention,
  • => parce qu'ils retardent les soins nécessaires et aggravent les pathologies, faisant même réapparaître des maladies qu'on imaginait disparues, entraînent au final, en plus d'un gâchis humain, un surcoût pour la collectivité.
Et le gouvernement de François Hollande, qui s'évertue à mettre ses pieds dans les bottes du précédent gouvernement, persiste dans ces orientations néfastes.
Il est temps de sortir de ce cercle vicieux.
  • => D'engager un plan de formation de médecins et autres soignants, à la hauteur des nécessités,
  • => de faire évoluer leurs métiers vers de nouvelles pratiques collectives, de nouveaux types de rémunération répondant aux aspirations des jeunes générations de praticiens comme aux besoins des patients,
  • => de revenir à des remboursement à 100% par la Sécurité Sociale,
  • => de donner à l'hôpital public les moyens d'assurer ses missions,
  • => de décider un moratoire sur toutes concentrations de services hospitaliers.
Le 18 mars prochain on se fait entendre ! Tous dans la rue pour défendre notre Sécurité sociale et notre Santé !

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