Voeux de la CGT dans le territoire Valeriquais, le 16 Janvier 2014.
17 janv. 2014 Prononcés à St Valery-en-Caux par Michel Masdebrieu, ancien de la centrale élctronucléaire de Paluel, pour l'UL de Dieppe, membre du collectif interprofessionnel CGT Valériquais.
Tout en sachant qu'elle ne se présente pas sous les meilleurs auspices eu égard à l'actualité sociale dans notre pays, que je vais en quelques mots décortiquer et surtout pour que l'on se mette en ordre de bataille pour exiger une autre politique économique et sociale plus en phase avec ce que les salariés espéraient en 2012, même si pour certains d'entre nous, nous nous faisions guère d'illusion déjà à l'époque.
Au regard du mécontentement grandissant dans le pays (je vous fais grâce des chiffres de popularité du Pt de la République et de son 1er Ministre) le moins que l'on puisse dire c'est que la réponse aux besoins sociaux se fait sérieusement attendre.
- - En effet, les plans de licenciements se poursuivent. (Nous avons vécu 2013 avec plus de 1000 plans de licenciements, appelé pudiquement plan de sauvegarde de l'emploi) et ceci ne prend en compte que les entreprises concernées de plus de 50 salariés.
- - Le PA est en berne, au mieux les salaires stagnent et les 1,1% d'augmentation du SMIC ne font pas le compte, avec une population de plus en plus payée au SMIC (13% des salariés soit plus de 3 millions de personnes)
- - Nous battons des records de pauvreté (plus de 8 millions de personnes concernées, endettées ou autre, ou à temps partiel soit près de 20% de la population dont 8% de femmes et de plus en plus de séniors (Soit + de 4 millions de personnes) (À cela s'ajoute 4 millions de personnes dans notre pays, en CDD de moins d'un mois)
- - Les pensions (retraités) régressent (les dernières mesures gouvernementales viennent une fois de plus d'amputer le PA des retraités, après un prélèvement décidé par le Gouvernement, de 0,3% sur les pensions de retraités en avril 2013, il repousse de 6 mois l'augmentation des pensions.
- - Toujours dans le domaine de la retraite, il faudra maintenant 43 ans (certes en 2035) pour avoir droit à une retraite pleine et entière !!! Pour les enfants nés à partir de 1973, il leur faudra partir à minima à 63 ans, ce qui sera pratiquement impossible au regard de leur départ dans la vie active;
- - Les droits sociaux qui diminuent, à l'exemple de la mise en place de l'ANI, loi de juin 2013, sur la soi-disant sécurité de l'emploi, où l'avancée sociale permet aujourd'hui aux entreprises de négocier (on pourrait dire imposer) un accord de modulation du temps de travail, une baisse des salaires, une remise en cause de droits acquis, une mobilité interne avec licenciement sec (sans indemnités) si refus dusalarié.
- - Dans les remises en cause, on peut citer la volonté d'élargir la possibilité du travail de nuit ou la remise en cause du repos dominical, Le Gouvernement plutôt que de faire appliquer la loi sur le repos dominical, face aux cris d'orfraies du patronat a accordé l'ouverture des magasins, notamment du bricolage, tous les dimanches jusqu'en juillet 2015. A noter que cette mesure a été prise par décret, c'est à dire sans débat parlementaire (Quel mépris de la démocratie !)
Même sans avoir fait le tour des mauvais coups, j'en suis conscient, (tels que par exemple: La remise en cause des élections prud'homales, ou de l'acharnement de la justice contre des militants syndicaux) à cela s'ajoute que la fiscalité, contrairement aux engagements pris (est toujours plus importante sur les petits revenus, bas salaires et les pensionnés) et que l'accès aux services publics ne permet plus de corriger les inégalités, suite aux diverses réformes, qui devraient d'ailleurs s'amplifier.
Dans ce que je viens de citer vous noterez que, si nous avons largement le droit d'être mécontent, il n'en est pas de même pour tout le monde, notamment pour le patronat, qui voit dans ces mesures une réponse à ses espérances.
D'ailleurs, le patron des patrons, Pierre Gattaz, ne s'y trompe pas, il dit approuver les orientations du Pt de la République lors de ses vœux à la nation, renouvelées lors de la conférence de presse de mardi dernier.
- - Cela lui convient bien quand François Hollande persiste sur la réduction des dépenses publiques, poursuivant et amplifiant la politique menée par son prédécesseur en annonçant des coupes drastiques dans les services publics d'ici 2017, des réformes structurelles de l'État, et un big bang territorial.
- - Cela va bien au patronat quand il met en exergue, ce qui est marginal en réalité, les excès et abus de la sécu (Ce langage n'était réservé qu'à la droite auparavant) ou quand il met fin au financement, par les entreprises, des cotisations sociales de la politique familiale. (Ce qui est d'autant plus grave que c'est notre salaire différé qui disparait, soit un cadeau de 35 Milliards d'€ au patronat sur notre dos.)
- - Ou bien encore cette mesure sur le pacte de responsabilités soumis au patronat et aux partenaires sociaux qui, en contre partie, le patronat devrait s'engager sur le dialogue social dans les entreprises et sur l'emploi en échange d'un nouvel allègement de charge et d'impôts. (Question: pourquoi le patronat s'engagerait-il demain plus sur le dialogue social ou sur l'emploi qu'hier?)
On peut dire, et la presse s'en fait l'écho, que le patronat a été entendu ! Même une partie de la droite se reconnait dans le discours et les orientations.
Si les termes changent le fond reste le même! (Même si on a essayé de détourner notre attention avec les relations intimes du Pt, nous ce qui nous inquiète c'est qu'il puise sa politique dans le cahier de revendications du Medef)
Depuis des années, le patronat, réclame une baisse massive des cotisations sociale avec un transfert de celles-ci vers la TVA, c'est maintenant chose faite depuis le 1er janvier et inévitablement cela pèsera sur le PA des ménages, la consommation et donc la croissance.
A écouter le patronat, les charges seraient trop lourdes sur les entreprises, ce qui pèseraient sur leur compétitivité.
Je voudrais rappeler que les cotisations sociales sont dégressives jusqu'à 1,6 fois le SMIC et comme nous sommes de plus en plus nombreux à être payé au SMIC, les entreprises paient donc mécaniquement beaucoup moins aujourd'hui de cotisations sociales qu'hier.
En réalité ce n'est pas une baisse qui est recherché par les représentants patronaux, mais un affranchissement total de toutes cotisations sociales, pour aller vers un basculement sur la CSG. (D'autant plus intéressant pour eux que les salariés cotisent déjà à hauteur de 80%)
Aujourd'hui c'est près de 200 Milliards d'euros d'aides publiques (il faut le savoir !) dont il bénéficie sans qu'aucun bilan ait lieu sur leur efficacité en matière d'emplois, ou d'avancées sociales.
Le dernier cadeau en date aux entreprises est le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi, le CICE qui permet aux entreprises de bénéficier d'exonérations de cotisations sociales jusqu'à 2,5 fois le SMIC, ce CICE à hauteur de 20 Milliards d'€ sans contre partie ou bilan d'utilisation, élargit dorénavant à l'ensemble des entreprises.
Alors, pour justifier leur besoin de compétitivité, on nous dit que le taux de marge des entreprises est le plus faible depuis 30 ans. En réalité, même s'il a légèrement baissé, il est tout de même à 27%.
Contrairement à ce qui est répandu à longueur de temps par le patronat, la droite, ou la plupart des médias, le coût du travail n'est pas responsable des difficultés des entreprises et de la crise en générale, mais c'est le coût du capital, les prélèvements financiers pour simplifier qui pèsent sur les entreprises. (Cela représente 130 Milliards d'€ chaque année aux entreprises).
Avec pour la France une progression en moyenne de 18% pour 2013, pour Total, Sanofi, L'Oréal, BNP et LVMH, Alcatel Lucent, EADS .... Ceci, pour certaines entreprises, ne les empêchant pas de licencier au contraire, en jouant avec l'emploi, tandis que le cours de la bourse continue de grimper.
Les rémunérations des 120 plus grands patrons en France ont progressé de 6% en 2013 soit près de 3 millions d'€ par mois pour chacun, (je ne rappelle pas le scandale du patron de PSA qui voulait se gaver en partant) et de près de 4 millions d'€ par mois pour ceux du CAC 40). Si c'est difficile pour certains, ça l'est beaucoup moins pour d'autres à la lecture de ces chiffres.
Quand la masse salariale stagne et même régresse, quand les investissements sont inférieurs aux dividendes versés aux actionnaires, quand la part des salaires baisse dans la valeur ajoutée, quand les dividendes s'envolent, quand les salariés dans les années 80 travaillaient 10 jours pour les dividendes versés aux actionnaires ils en travaillent aujourd'hui 45, chercher l'erreur etc... Ce n'est pas le coût du travail qui est en cause mais bien le coup du capital qui nuit au travail et au développement économique.
C'est d'une autre répartition des richesses dont il doit être question, et pour cela nous devons l'imposer par l'action dans les entreprises, par un mouvement plus profond, plus large dans l'unité si possible et porter les exigences en matière de salaires, d'emplois, de conditions de travail, de protection sociale et de services publics.
Dans le prolongement des actions engagées partout en France, pour l'emploi, contre les licenciements, les restructurations, les libertés ou le PA, le 6 février prochain partout en France et notamment à Rouen, Dieppe et le Havre, à l'appel de la CGT ou en commun avec d'autres OS, des arrêts de travail et des manifestations sont dors et déjà prévus.
Dans la continuité une manifestation, sur les grands enjeux de l'emploi, contre les inégalités, contre l'austérité en Europe, aura lieu à l'appel de la CES (confédération Européenne des Syndicats) à Bruxelles le 4 avril prochain.
Avec à l'appui une déclaration commune CGT, CFDT, FSU, et l'UNSA en ayant des exigences en matière d'emploi, une révision des salaires et qualification, des conditionnalités sur les aides accordées, ou une révision de la fiscalité en renforçant la progressivité;
Nul doute que cette déclaration commune sera mise en avant pour l'action du 6 février et lors des discussions qui auront lieu dans le cadre du pacte de responsabilité.
Dans le même temps une campagne est lancée par l'Union Confédérale Retraité CGT sur le PA, qui met à disposition une carte pétition qui sera remise en préfecture mi-février, en attendant une grande manifestation nationale le 3 juin prochain.
Sans vous, sans nous tous rassemblés, tout progrès social est impossible, occupons-nous de nos affaires, pour faire baisser l'arrogance du patronat et infléchir la politique actuelle.
Un des prochains enjeux proches est la négociation sur l'assurance chômage qui commencera le 17 janvier, après celle sur la formation que la CGT n'a pas signé au regard du déséquilibre entre les nouveaux cadeaux fait au patronat au détriment des salariés.
Pour cela il nous faut renforcer le syndicalisme, et notamment la CGT, en nombre bien sûr mais également territorialement en rejoignant, notre collectif CGT interprofessionnelle valériquais que nous avons mis en place pour ne laisser personne sur le bord de la route, syndiqués CGT isolés, ou voulant se syndiquer, ou syndicats CGT dans et autour de Saint Valéry, ceci afin de plus et mieux répondre aux besoins des salariés sur ce territoire.
Rien ne se fera sans nous, sans le renforcement de la CGT et sans la mobilisation dans les entreprises et dans la rue.