Italie: succès de la grève générale de 24 heures
Mattéo Renzi, le premier ministre, en Pinocchio menteur !
« Così non va ! » (« Ça ne va pas ! »), tel est le mot d’ordre de la grève générale qui a eu lieu en Italie, hier, vendredi 12 décembre 2014.

Après une longue période de rupture, la Confédération générale italienne du travail (CGIL) et l’Union italienne du travail (UIL), les deux grandes confédérations syndicales italiennes, appelaient ensemble à la première grève générale contre la réforme du marché du travail (le « Jobs Act ») et l’ensemble de la politique du gouvernement Renzi qui affaiblit les droits et les conditions de travail des travailleurs en Italie.

Le Sénat italien a, en effet, adopté le 3 décembre 2014 une nouvelle législation du travail : le Jobs Act dont les six décrets d'application devraient être promulgués dans les six mois. La mesure-phare (et catastrophique) de cette nouvelle législation est la suppression de l’article 18 du Code du Travail qui rendait obligatoire la réintégration d’un salarié dont les tribunaux jugeaient le licenciement abusif. En vigueur depuis 1970, sa suppression était réclamée à cor et à cris depuis des années par le patronat italien sous prétexte que cet article était un frein à l’embauche. Avec cette loi, les entreprises pourront licencier sans craindre les foudres des tribunaux.

Cette nouvelle loi institue un contrat unique de travail prévoit une flexibilité plus forte pendant les trois premières années durant lesquelles le patronat pourra facilement licencier le salarié, ce qui devrait conduire à ce que les contrats de travail ne dépassent jamais les 3 mois: c'est la précarisation progressive de tous les salairés qui est ainsi instaurée.

On comprend donc que pour le premier ministre italien, Matteo Renzi, cette loi est la "mère de toutes les réformes" comme il l'a écrit dans un tweet récent, et donc que, pour lui et le patronat, "l’Italie change réellement", rajoutant: "cette fois est la bonne. Allons de l’avant!".

Les syndicats dénoncent aussi le projet de budget 2015, jugeant ses mesures de relance de l'économie dérisoires, ainsi que la volonté de Matteo Renzi de mettre fin à la concertation avec les syndicats et aux négociations qu'ils ont imposé pendant des décennies à tous les gouvernements sur de nombreux sujets.

"Le gouvernement commet une erreur en éliminant la discussion et la participation" des syndicats à l'élaboration des lois, a affirmé vendredi Susanna Camusso, secrétaire générale de la CGIL (gauche), principale confédération italienne. "Le gouvernement doit choisir entre le conflit et le dialogue", a-t-elle insisté.

A la différence de ce qu'annonçaient le journal télévisé de France 2 hier soir, la grève a été un grand succès: dans toute l'Italie 70% des salariés ont cessé le travail. Il y a eu des manifestations dans plus de 50 villes. 50.000 manifestants à Milan, 70.000 à Turin, 40.000 à Rome, 50.000 à Naples, 15.000 à Palerme; 50% des trains étaient à l’arrêt; des centaines de vols ont été annulés.

Le gouvernement avait tenté de faire interdire la grève des cheminots pendant la semaine et hier l’autorité de régulation de la grève menaçait les syndicats de poursuites.La CGIL et l’UIL déclarent qu’il faut améliorer la réforme de l’emploi et la loi de stabilité en "remettant au centre le travail, les politiques industrielles et les secteurs productifs en crise, la défense et la relance des secteurs publics et la création de nouveaux et bons emplois".

Les deux centrales syndicales partagent de nombreuses revendications:
  • > L’abolition de la dernière réforme de la retraite
  • > Une "vraie opposition au travail faible et précaire",
  • > La protection des travailleurs licenciés sans motif,
  • > La réduction des impôts pour les travailleurs et les retraités,
  • > La réouverture de la négociation pour le renouvellement de la Convention collective nationale des fonctionnaires,
  • > La défense de la négociation collective nationale comme outil essentiel pour la protection des conditions des travailleurs.

Dans toutes les régions, aux revendications nationales s’ajoutent les thèmes et urgences locales.

On voit donc que les problèmes des salariés italiens sont les mêmes que ceux des travailleurs français. Les salariés italiens comme les salariés français se heurtent à des  politiques anti-sociales similaires, et à une offensive patronale sans précédent.
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