ONF et COP21: quand la recherche de rentabilité remplace la mission écologique.
Alors que la COP 21, prétend discuter du bon air qu'il faudrait à notre planète, l'ONF, service public gestionnaire de la forêt française, supprime des emplois et réduit ses capacités d'intervention.

A la demande du gouvernement, et de son ministre de tutelle Stéphane Le Foll, l'ONF prévoit de supprimer encore plus d'emploi : la fournée prévue en 2015 est 600 postes.

  • L'ONF a perdu plus du tiers de ses effectifs en 25 ans.
  • L'ONF ne compte plus que 9 200 agents dont plus des 2/3 sont des fonctionnaires.

Cette réduction des effectifs oblige, en fait, à abandonner les missions de service public de protection de la forêt, ce qui donnera des arguments supplémentaires à ceux qui veulent mettre la main sur le patrimoine public, et militent pour la privatisation.

Ces réductions drastiques d'éffectifs, s'accompagnent d'une augmentation de la charge de travail de chaque agent qui reste: sur qui est répartie le travail laissée par ceux qui partent. S'ajoute à cela l'accroissement de la papasserie (on ne fabrique pas du fric sans accroitre les contrôles et produire des statistiques que personne  ne lit), la recherche "du chiffre", et le "management [dictatorial] par objectifs". Évidemment cela se fait au détriment de l'intervention sur le terrain.

Le personnel de l'ONF, qui a été formé dans un esprit de "conscience professionnelle" sur une démarche de "bien travail", dans lequel, la marge d'autonomie était importante, le vit effectivement de plus en plus mal.

Suicides en série à l'ONF

Le 1er juin 2015, un ouvrier forestier de l’Office national des forêts, mettait fin à ses jours. Un acte qui porte à trois le nombre de suicides à l’ONF depuis le début de l’année, et à 38 depuis 2005. Sans reconnaissance professionnelle.

Comme le reconnait à sa manière le DRH de l'ONF : "Il s’agit d’agents sur le terrain, la plupart du temps en deuxième partie de carrière, un peu perdus à cause de la série des dernières réformes organisationnelles, notamment la baisse des effectifs et le management par objectifs."

Même la Cour des comptes, pourtant très antisociale, dans un rapport de 2014, mettait en évidence un "malaise social profond et multifactoriel", le terme "multifactoriel" étant placé là pour, évidemment, chercher à dédouaner les responsabilités de l'État, dont les orientations vont dans le sens qu'elle souhaite, et qu'elle assène rapports après rapports: "trop de fonctionnaires", "trop de coûts", "trop cher", bref, trop de tout.

La fédération CGT agroalimentaire et forestière, juste après le dernier suicide, a évidemment dénoncé "Les mauvaises conditions d’emploi et de travail [qui] ont contribué à ce nouveau drame intolérable". C'est l'évidence ! C'est le bon sens !

Oui, à l'évidence, ce sont les règles de gestions capitalistes, dont les effets sont démultipliés par la généralisation des applications informatiques, et qui généralisent le "mal-travail" et le mauvais service, qui sont à l'origine des vagues de suicides que l'on voit submerger les grandes entreprises et les services publics (Renault, Orange, La Poste, la Police, etc.). Car ces règles de gestion heurtent et agressent le "bien travailler" et la conscience professionnelle.

Laissez-nous "bien travailler" ! Laissez nous bien soigner la forêt !

Laissez nous bien travailler, ne cesse de répéter l'Union générale des cadres de la CGT, et elle a raison ! Oui il faut (re)introduire le "manager sans Wall-Street", et remettre de l'Humain au coeur de la gestion.

Effectivement, parce que l'État recherce des liquidités monstrueuses, mais pour gaver les entreprises à coup de CICE et de Pacte de responsabilité, qu'à l'ONF — comme dans toutes les tructures de l'État — on privilégie la rentrée du fric, plutôt que de soigner la forêt. Or ce n'est pas pour être banquier ou commerçant que les agents de l'ONF ont été embauchés, c'est pour soigner la forêt !

L'ONF gère la 4e forêt européenne avec ses 10 millions d'hectares, avec désormais comme première mission de faire rentrer le plus d'argent possible dans les caisses de Bercy.

Tout cela est très loin des engagements annoncés de la COP21, dont le seul critère semble être de "rechercher la paille dans l'oeil du voisin, pour ne pas regarder la poutre que l'on a dans son oeil" (proverbe).
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