COP 21: lâchage des travailleurs par les gouvernements à J-2
10 déc. 2015Le Bourget, 9 décembre 2015.
Si, en effet, la perspective réelle d’un accord à Paris est en soi une bonne nouvelle, il convient de l’évaluer à la lumière de son contenu. Fondamentalement, pour la CGT, ces négociations s’inscrivent dans le cadre contraint d’un système économique incapable de remettre en question ses logiques néolibérales. Or, nous connaissons bien les dégâts qu’il cause, à travers une concurrence effrénée entre pays et populations, un modèle de développement obsolète, le manque de politiques sociales et le refus catégorique de solidarité et de coopération entre les régions du monde.
1. Un développement humain durable explicitement soutenu par l’accord :
- - a. Place centrale pour le travail décent et la création d’emplois de qualité ;
- - b. Transition juste pour le modèle économique de demain ;
- - c. Nouvelle impulsion industrielle, innovante, plus sobre et moins polluante ;
2. Respect des droits humains fondamentaux et des droits sociaux ;
3. La mise en œuvre d’une coopération concrète avec les pays en développement, en assurant le financement de leurs besoins, ainsi qu’en offrant des mécanismes de transfert de technologies pour leur permettre d’accéder directement aux modèles économiques basés sur la sobriété en carbone ;
4. Limitation du réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés.
La garantie d’un engagement des États pour le développement durable figure dans le corps du texte, mais dans une formulation restreinte.
La référence au travail décent, à la transition juste et à la création d’emplois de qualité est reléguée au préambule, où elle est dépourvue de toute force contraignante, alors qu’elle figurait auparavant dans la partie opérationnelle du texte. Les organisations syndicales françaises se sont d’ailleurs adressées en ce sens à Laurent Fabius, président de la COP 21 (cf. courrier du mardi 8 décembre).
> Les engagements financiers et de transfert de technologie restent loin du compte. Faute de contribution solidaire des pays riches – pourtant responsables des dégâts causés sur l’environnement – ce sont les travailleurs des pays en développement qui paieront le plus lourd tribut au réchauffement climatique et à l’adaptation de leurs économies aux nouvelles circonstances. Cela n’est pas acceptable ;
> Le texte actuel n’opère toujours pas le choix entre « 1,5 degrés » ou « 2 degrés ». En même temps, rien dans les engagements fermes ne laisse espérer que cet objectif soit atteint, puisque le projet de l’accord n’offre pas les moyens d’y arriver. Or, la trajectoire climatique prévue aujourd’hui, à savoir un réchauffement au-delà de 3 degrés, est synonyme de catastrophes répétées pour les populations les plus vulnérables du monde ;
> Le respect des droits humains fondamentaux est également retiré du corps du texte. Il figure, aux côtés d’autres généralités, dans le préambule. Cela ne correspond en rien aux défis auxquels nous faisons face sur la planète aujourd’hui. Si, en effet, le respect et la garantie des droits humains sont importants, la préoccupation et l’engagement pour le climat sont bien une mise en œuvre de ces convictions. Les reléguer aux considérants dans le préambule renverse cette logique, et revient à leur abandon. Pour la CGT, la garantie des droits humains ne saurait être optionnelle.
Montreuil, le 9 décembre 2015