Philippe Martinez à Dieppe
19 févr. 2016Philippe Martinez était en Seine-Maritime hier. Comme nous l'avons écrit, il était au Havre dans la matinée. Puis il est venu à Dieppe, en faisant une halte vers 14h00 à Paluel.
Dans l'après-midi, Il a visité l'usine Alpine Renault.
Enfin, dans la soirée, il a rencontré plus de 80 militants de la CGT dans la salle de réunion de la mairie de Dieppe.
Il a dénoncé le projet de réforme du code du travail annoncé par le gouvernement, qu'il considère comme la marque d'un Mensonge d'État. Car il n'y a pas encore deux mois, le Président de la République s'était engagé là ne pas s'attaquer aux 35 heures, ni aux salaires.
"Il l'a dit lors de ses vœux du 1er janvier; il l'a répété lors des vœux aux acteurs sociaux, au Comité économique social et environnemental."
"Ce que le gouvernement est en train de faire c'est une attaque contre les 35 heures". "C'est un manuel d'explication aux patrons pour éviter d'appliquer les 35 heures, et baisser les salaires".
"Si les salariés laissent faire, le code du travail va devenir une sorte de petit bouquin qu'on va placer dans une bibliothèque ou sur une étagères dans els bureaux des DRH; il ne servira jamais puisque globalement sur les salaires, le temps de travail, sur les temps de repos entre deux périodes de travail, y compris sur les congés, pour chaque entreprise le patron pourra faire ce qu'il veut, puisque c'est le principe de la dérogation à la loi".
"Une loi qui n'est pas applicable partout n'est plus une loi !" a martelé Philippe Martinez. "Chaque salarié sera confronté dans son entreprise à un code du travail particulier. Évidemment, s'il y a des syndicats ou pas, les conditions seront différentes; là où il n'y a pas de syndicat, les conditions seront bien plus dures que là où il y aura des syndicats".
Philippe Martinez a appelé à une réaction forte des salariés, et plus largement de la population
"Aujourd'hui on assite à de nombreuses luttes dans de nombreuses entreprises. Ce qui est nécessaire c'est de faire converger ses luttes vers un grand tous ensemble. C'est ce à quoi la CGT travaille".
Car , s'il a estimé qu'il était essentiel de lutter contre la réforme du Code du travail, il ne fallait pas lâcher sur les revendications (salaires, RTT, conditions de travail, emploi, etc.)
La bataille pour la défense des libertés syndicales, cela concerne tout le monde, mais cela ne doit pas de nous détourner des revendications. "Partout dans le monde, les libertés syndicales ont reculé, cela a été mauvais pour les salariés".
Puis la parole a été donnée à la salle. De nombreuses interventions ont exprimé les difficultés de l'économie locale et régionale, conséquence de la politique gouvernementale et de la politique patronale du "tout pour l'actionnaire" des directions d'entreprises.
Mais aussi:
- asphyxie du port de Dieppe,
- rachat de Davigel par le fonds de pension Bain Capital,
- annonce de fermeture de la cimenterie Lafage en banlieue du Havre,
- suppressions d'emplois chez Sidel au Havre,
- restructurations chez SDG au Tréport,
- précarité partout,
- arrêt des travaux de passage à 2 voies de la RN27,
- utilisation des ruptures conventionnelles pour accélérer les départs avant 60 ans dans les entreprises ce qui déstabilisise l'assurance chômage,
- casse des communes et menaces contre les salariés de la territoriale,
- blocage des salaires, notamment dans la fonction publique,
- etc.
Reprenant la parole, Philippe Martinez a déclaré: "Vous connaissez beaucoup d'organisations, de partis, ou d'associations qui ne servirait à rien et sur qui on tape autant ? Quand quelque chose ne sert à rien on ne s'en occupe pas ! Or depuis quelque temps, même avant ce président de la République, le président précédent faisait siffler la CGT dans ses meetings de campagne électorale. Il faut s'en rappeler ! le président actuel, lors la CGT n'a pas participé à la conférence sociale a passé pratiquement une heure d'émission radio à parler de la CGT, sans la citer. Pourquoi réprimerait-on autant ceux qui ne font pas peur ?"
"Il faut que les militants restent conscients qu'ils pèsent, même si ce n'est pas facile !" "Cessons de subir; Il faut avoir confiance en nous !" Car "ceux qui sont transparents, on ne parle pas d'eux"
"Si l'on fait un tout petit effort pour remonter les cotisations, à l'ouverture du congrès on comptabilisera plus de syndiqués à la CGT en 2015 qu'en 2014. La CGT a réalisé 45000 adhésions, ce qui compensent les départs. Nous pourrions être encore plus nombreux si nous conservions tous les départs à l'occasion de la retraite, et tout le monde sait qu'ils sont nombreux".
'Lorsque les médias disent que les salariés ne s'intéressent plus aux syndicats, il faut constater que la participation aux élections professionnelle est nettement supérieur aux élections politiques. D'autre part, il ne faut pas oublier que la CGT a autant de syndiqués qu'il y en a dans toutes les organisations politiques confondues".
"Un sondage récent qui a été beaucoup commenté a mis en évidence deux choses: e
"Ceux qui ne voient jamais de syndicat considèrent que les syndicats ne sont pas efficaces. Ils n'ont de connaissance des syndicats que ce qu'en disent la radio et la télévision qui ne sont pas favorables au syndicalisme".
"Par contre, les 50 autres pour cent qui côtoient un syndicat dans leur entreprise, eux ils ont une opinion favorable des syndicats".
"Dans ce sondage, il apparait aussi que 64% des jeunes de moins de 25 ans qui ont un syndicat dans leur entreprise considèrent que les syndicats sont utile et que c'est important d'en avoir. Il y a 10 ans c'était 35%".
"Sur les 45000 adhésions réalisées par la CGT en 2015, plus de la moitié sont des jeunes de moins de 30 ans. Le 2 et 3 mars 2016, la CGT organise des assises des jeunes à Montreuil, qui seront sûrement très dynamiques".
"II y a trop de salariés qu'on fait attendre pour adhérer à la CGT. Il faut que cela change ! "
"La CGT a beaucoup d'analyses et d'arguments, mais les syndiqués spnt trop peu nombreux à les connaître. Or, lorsqu'il s'agit d'aller convaincre les salariés, on a besoin d'arguments, et si l'on n'en a pas, on ne va pas y aller tout de suite".
"Chacun sait qu'on n'est pas condamné ne France à fermer toutes les entreprises. En 2014, il y a eu 231 milliards d'euros de versés aux actionnaires, sans compter les 200 milliards d'exonérations et de cadeaux au patronat, et pourtant tous les jours on nous dit qu'il n'y a pas d'argent dans ce pays. C'est pour cela qu'il faudrait fermer telle entreprise, c'est pour cela qu'il y aurait moins d'argent pour les hôpitaux, etc."
L'industrie comme les services publics ont de l'avenir, l'argent existe pour cela, mais pour arriver à le faire entendre, il faut user de la salive. Et pour que les propositions de la CGT soient prises en compte, il faut du monde dans la rue.
"Il y a donc besoin que notre vie syndicale s'améliore", a-t-il insisté. Ainsi qu'en invitant les militants à dortir de leurs bureaux syndicaux et à prendre du temps pour rencontrer les syndiqués et les salariés.