Avec la RGPP, l’Etat a mis en œuvre le plus grand « plan social » de France

Lancée en grande pompe le 10 juillet 2007, la Revue générale des politiques publiques (RGPP) a été présentée comme devant être l’un des grands chantiers du quinquennat du précédent président. Sa prétendue ambition était la réforme de l’Etat, pour prétendument améliorer qualité du service public (adapter l’Etat aux besoins des citoyens), le moderniser, et la réduire les dépenses publiques.  Rien de tout cela n’a été fait. Cette prétendue ambition a été très vite dévoyée.

En réalité la RGPP s’est limitée à un objectif de réduction drastique des dépenses publiques: un vaste plan de restructuration et de diminution des coûts. La méthode s’est transformée en exercice technocratique tentaculaire, avec une prolifération d’« audits de modernisation » (dans lesquels certains s’en sont mis plein les poches), sans pilotage politique. Et la RGPP n’a été, en fait, qu’un « plan social » brutal et d’une ampleur inégalée.

Entre 2007 et  2013, le gouvernement a donc supprimés 30 000 emplois  de fonctionnaires par an, en moyenne, auxquels s’ajoutent les suppressions des postes vacants et de ceux des effectifs des services et des opérateurs de l’Etat lors des restructurations imposées par les 561 mesures de la RGPP. Si les priorités ont changé depuis l’arrivée du nouveau président de la République, rien n’a changé quant aux objectifs : la RGPP continue.

On peut donc estimer à 400.000 emplois publics qui ont été détruits entre 2007 et 2013 dans la seule Fonction Publique d’Etat. 

La réforme de la carte judiciaire en est un exemple typique : la suppression de 201 tribunaux (dont 23 TGI) a mis fin à la présence judiciaire dans les territoires. La fusion des services déconcentrés de l’Etat (DDE, DDASS, DDTEFP…) a eu le même effet sur des services publics pourtant essentiels : l’emploi, la santé…

Enfin, le retrait des services de l’équipement (DDE) et le transfert au secteur privé de leurs compétences d’ingénierie au profit des collectivités locales – pour les routes, par exemple – a été très mal inspiré. L’expertise haut de gamme des ingénieurs de la DDE a été perdue au profit de consultants privés locaux aux compétences souvent plus que douteuses et aux coûts prohibitifs.

Les effets en sont catastrophique, en témoigne l’affaire de la nouvelle station service Auchan de  Mers-les-Bains, où l’Etat se montre aujourd'hui incapable d’assurer la sécurité civile d’une population et la pérennité de son activité économique !

Cela vaut pour tout le service public: les hôpitaux où l’accès aux soins est menacé, et continue à l’être, l’éducation nationale, malgré une légère inflexion depuis la mi-2012, où la scolarisation des moins de trois ans continue à reculer et où l’enseignement technique continue à être lis à mal, l’équipement et l’aménagement du territoire continuent à se dégrader.

Tout cela se situe en rupture avec l’idée républicaine selon laquelle le service public doit satisfaire à la sécurité publique, l’égalité d’accès et à la péréquation tarifaire. Car les valeurs républicaines d’égalité, de liberté, de fraternité, de laïcité impliquent que la Fonction Publique et ses personnels ne soient soumis ni à des équations comptables de courtes vues, ni à des pressions politiques et mercantiles, ni à des lobbies, ni à des intérêts contraires à l’intérêt général. Les valeurs de neutralité, d’impartialité et d’indépendance dans une fonction publique de carrière se révèlent essentielles.

Au moment où le gouvernement verse des larmes de crocodiles sur l’emploi, il ferait mieux de satisfaire les besoins en effectifs des services de l’Etat ; il y a là des dizaines de milliers de vacances d’emplois à combler !  

 

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