Dieppe: liquidation de la société Rémy

2013 06 10 2013-06-10-Marayeur-Remy 0414-bC'est il y a un peu plus d'une semaine que les travailleurs de la société Rémy, mareyeur de Dieppe, se sont inquiétés de la menace de fermeture de l'entreprise.

Dans le weekend du 1er juin, ils ont tous reçu individuellement un SMS leur annonçant qu'ils seraient en vacances la semaine suivante, sauf un chauffeur. Comme c'était une pratique courante de gestion patronale; les plus optimistes ne se sont pas inquiétés, car dans cette entreprise, le patron avait l'habitude de communiquer avec eux par SMS, pour leur annoncer les horaires du lendemain. Il n'était pas rare d'en recevoir un vers 22 heures, qui annonçait une prise de travail pour 2 heures du matin.

Mais certains salariés, dont l'attention avait été attirée depuis plusieurs mois par, par exemple, des dépenses surprenantes de leur patron, sont venus trainer sur les quais. Ils ont eu la surprise de découvrir un drôle de manège dans les locaux: on déménageait du matériel alors que l'entreprise était théoriquement fermée. Le lundi l'affaire se confirmait, et le salariés faisaient venir un huissier pour faire constater qu'ils ne pouvaient pas entrer dans l'usine pour travailler. Il s'avérait que 4 camions n'étaient plus là, ainsi que le véhicule de société.

En fait cela semblait faire plusieurs mois que la société avait des difficultés: les salaires étaient versés de plus en plus tard dans le mois. Les salaires de mai n'ont pas été versés du tout. Pourtant le travail ne manquait pas: les salariés ont tous fait des heures supplémentaires, souvent beaucoup d'heures, et même, souvent, beaucoup plus que la convention collective et le code du travail ne le permettent. Par contre ils n'étaient payés que du nombre d'heures autorisé par la convention collective. Ils avaient écrit à la direction pour exiger le paiement correct de ces heures, certains avaient déposé des requêtes auprès du Conseil des prud'hommes pour obtenir de se les faire payer.

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Mais patatras ! Tout était bloqué, en attendant le passage de l'entreprise au tribunal de commerce: redressement judiciaire ? Ou liquidation ?

Vendredi, on apprenait dans la presse que l'entreprise aurait été mise en difficulté à la suite d'un impayé de 250 000 euros de la part de la Coopérative Maritime Etaploise, actuellement en redressement judiciaire à la suite de l'effondrement de l'activité de 30 à 40% depuis un début d'année 2013 catastrophique. Et dans la journée on apprenait que le tribunal de commerce de Dieppe avait prononcé la liquidation judiciaire. 

Rémy est une des plus vieilles cours de marée de Dieppe. Entreprise familiale, elle avait été immatriculée en 1956, en prenant la suite d'une entreprise créée en 1726. Elle avait été rachetée par Rémy il y a 30 ans. Elle s'était installée dans des locaux neufs il y a quelques années.

Le salarié le plus ancien, y travaillait depuis sa première embauche. Il se préparait à demander à bénéficier de la retraite anticipée à 60 ans, car il avait plus de 8 trimestres avant ses 20 ans.

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Déclaration de l'UL CGT de Dieppe

"Notre inquiétude grandit suite la liquidation judiciaire des établissements Rémy mettant en péril 45 emplois pour la plupart qualifiés.

Inquiétude en premier lieu pour la filière pêche déjà  en grande difficulté en dépit des problèmes  de la criée de Dieppe.

Inquiétude également pour l’activité du port de pêche et plus globalement celle du Port de Dieppe.

Après l’activité de la Saipol mise à mal par la stratégie du groupe, c’est une cour de marée des plus importantes qui ferme ses portes avec très peu de perspective de reprise compte tenu de l’état de la filière pêche.

Pour la CGT, c’est la conséquence d’une gestion désastreuse. En effet, dans cette entreprise, où la flexibilité était permanente, où les horaires fluctuaient d’heures en heures, où les heures supplémentaires étaient non payées au-delà des règles de la convention collective.

Nous constatons malheureusement que la liste des inscrits à Pôle Emploi s’allonge. Ces derniers jours, sur notre région dieppoise,  c’est Autoneum-Rieter, JPE Europe, etc… qui viennent obscurcir un peu plus le bassin d’emplois.

Il est vraisemblable qu'une grande majorité des salariés licenciés, ne parviendront jamais à trouver un nouvel emploi avant leur retraite.

Et la solution serait, selon le gouvernement, de partir en retraite plus tard ?, ce n’est pas sérieux

Seule la lutte des salariés, organisés avec la CGT peut infléchir ces politiques de casse et de ruine du pays.

Pour nous la défense des emplois est une urgence.

L’Union Locale CGT de Dieppe"

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